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Le samedi 23 avril 2022

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Investissements dans les transports : (2) un changement de paradigme

On a vu dans le billet précédent que la remise à niveau des infrastructures routières exige des investissements gigantesques. Dans le contexte que nous connaissons actuellement où l’on voit les gouvernements être (maladivement) obsédés par l’atteinte de l’équilibre budgétaire, c’est en soi un sérieux problème. Mais ce qui est pire ce serait d’utiliser les rares ressources financières des États dans des investissements qui ne correspondraient pas aux nouveaux besoins du 21e siècle, au nécessaire changement de paradigme des transports.

La situation actuelle des infrastructures routières offre une occasion exceptionnelle de redéfinition de nos conceptions et pratiques en matière de transport. Pour bien saisir les nouveaux besoins, et les occasions de développement qui s’offre à nous, nous faire un bilan sans complaisance des effets indésirables du paradigme de transport et d’infrastructures qui est aujourd’hui entré dans une crise aigue. De toute évidence, les infrastructures routières n’ont pas été conçues pour l’utilisation que nous en faisons aujourd’hui, en particulier dans le transport des marchandises. En même temps, les problèmes de congestion empirent année après année. Il est clair que la prépondérance de l’automobile porte à ses limites notre réseau pensé il y a cinquante ans, selon d’autres paramètres et des niveaux d’intensité d’usage qui n’ont plus rien à voir avec la situation actuelle. Après des décennies marquées par l’âge d’or du modèle du transport automobile, nous sommes aujourd’hui confrontés à problèmes qui vont exiger des solutions globales qui vont obliger à des remises en cause majeures.

Dans le rapport de recherche de l’IREC sur la mobilité durable, nous proposons un ensemble de politiques (de transport, industrielle, énergétique) pour une reconversion vers la mobilité durable. Elles misent principalement sur une priorité stratégique accordée aux transports collectifs. Mais nous ne serions pas les seuls à faire ce virage. L’Europe est en avance dans ce domaine.

Prenons par exemple le cas de la ville de Bordeaux. Là nous sommes loin du discours montréalais (assez lénifiant) sur le développement durable qui, dans la pratique, s’efface complètement devant la collusion et la corruption. À Bordeaux, la réflexion sur l’utilisation des transports collectifs et la complémentarité des différentes formes de transport a commencé il y a quinze ans et le chantier du tramway a entamé sa troisième phase de développement l’an passé. L’arrivée de nouvelles formes de transport permet de modifier l’urbanisme et l’intérêt des futurs propriétaires et locataires pour ces zones. À Montréal, on continue à déblatérer sur le tramway alors que ce mode de transport est en train d’être dépassé par les autobus électrique à biberonnage (un système de recharge très rapide installé à certains arrêts d’autobus).

En Grande-Bretagne, où le système de transport collectif par rail avait été privatisé sous Thatcher, on recommande maintenant leur re-nationalisation dans la mesure où les experts constate que « The UK’s privatised railway is failing society, the economy and the environment, whilst draining taxpayers’ money into the pockets of private shareholders. Common sense and expert railway knowledge have ceded to a misguided private-must-bebest ethos, leaving Britain with a fragmented dysfunctional railway system that other countries view with disbelief ». Après la sortie d’un rapport d’experts l’an passé, le Parti travailliste a décidé d’intégrer dans son programme la nationalisation du transport ferré britannique.

Mais sur ce terrain, la Chine bat tous les pays à plate couture. Alors qu’elle est en train d’implanter sa propre technologie de TGV pour les usages de transport collectif interne, elle travaille avec plusieurs autres pays à développer des projets de TGV reliant Beijing à Londres ou avec les grandes villes du Sud-Est asiatique. La Chine travaille avec des partenaires pour mettre en œuvre ces projets au cours des dix prochaines années.

Pendant ce temps, au Québec, rien n’est fait pour concrétiser la technologie du monorail à moteur-roue… Quelle petitesse !

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