Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
On connaît maintenant trop bien le pouvoir de nuisance des firmes de notation sur les politiques publiques, du fait de leur exagération des impacts des dettes publiques sur la base des seules données financières. Mais selon une étude récente, « Dette publique : nouveaux enjeux et notation ESG », une évaluation des dettes souveraines des États sur la base de critères durables «extra-financiers» permettrait d’élargir le cadre d’analyse pour classer les dettes les plus sûres aux plus risquées. Les données existent déjà au sein d’organismes internationaux comme les Nations unies. Les résultats sont intéressants : pas de bouleversement au niveau des pays les plus sûrs puisque les pays scandinaves et océaniens sont connus pour leur équilibre social et démocratique et leur bonne tenue économique. C’est plutôt au rang des mauvais élèves que l’on s’étonne : les États-Unis, le Royaume-Uni et le Luxembourg, qui jouissent tous trois d’une notation élevée (jusqu’à récemment tous les trois faisaient parties du club des triple A), ont été mis «sous surveillance négative ESG». Selon l’analyse, la gestion environnementale, sociale et de bonne gouvernance de ces pays constitueraient un risque sur la soutenabilité de leur dette à long terme. À suivre.
Loi bancaire : « une retouche cosmétique » ?
L’Observatoire européen de la finance (Finance Watch), s’active face au manque de volonté du gouvernement français de mettre en place une vraie réforme du secteur bancaire. Le Président François Hollande avait promis une réforme radicale alors qu’il était candidat. Mais le projet de séparer les activités de crédit des banques de leurs opérations spéculatives s’est transformé en une réforme a minima, poussant l’Observatoire à plutôt qualifier de « cosmétique » le projet de réforme soumis au Conseil des Ministres le 19 décembre dernier. Pour dénoncer cette réforme, l’Observatoire a publié une lettre ouverte au Ministre français de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici qu’on peut lire en cliquant ici.
Naissance de l’activisme actionnarial au Canada
Un article paru récemment sous les plumes de Vanessa Serret (Université de Bretagne-Sud) et Sylvie Berthelot (Université de Sherbrooke) permet de faire un large portrait de l’activisme actionnarial, en s’intéressant plus particulièrement à son apparition au Québec et au Canada, il y a moins de 15 ans. En appuyant sur la base de données de la Shareholder Association for Research and Education (SHARE), le leader canadien de l’activisme actionnarial, les auteures présentent les caractéristiques de l’activisme québécois par la présence d’un acteur pionnier, en l’occurrence le Mouvement d’Éducation et de Défense des ACtionnaires (MÉDAC) ayant pour cibles principales les banques. Toujours selon les auteurs, les projets de résolution des activistes responsables remportent un certain succès, se manifestant par des pourcentages élevés de votes, ce qui devrait contribuer à infléchir le comportement des entreprises visées sur certaines problématiques des entreprises, en particulier sur celle plus limitée de la gouvernance.
Une banque française neutre en carbone
Une grande banque française, la Société Générale (le groupe financier a des actifs de plus de 1 000 milliards d’euros), s’est donnée l’objectif de devenir neutre en carbone en 2012, sur la base d’un objectif de réduction de ses émissions de 20% et de l’achat de droits d’émission pour compenser les 80% restant. Évidemment il s’agit là des émissions corporatives de la banque, c’est-à-dire des émissions produites par les employés (leurs déplacements) et par les immeubles de la banque, et non pas les émissions découlant de ses activités de prêts. La banque exclut également sa filiale russe, la Rossbank, du périmètre de calcul. Tenant compte du fait que le prix de la tonne de carbone a atteint le plancher historique de 2,81 euros le 24 janvier 2013, on peut comprendre que les 265 600 tonnes qu’elle a dû acheter en 2012 n’ont pas grevé le profit des actionnaires. Mais qu’en serait-il si la tonne de carbone était l’équivalent de 72$, comme en Norvège (soit autour de 20 fois plus en tenant compte du taux de change) ? Ce qui est positif, c’est que la norme de la neutralité carbone a maintenant franchi une nouvelle étape !
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