On se souvient de l’engagement de l’association des Rencontres du Mont-Blanc (RMB) en 2011 et 2012 sur les enjeux d’une économie de développement durable avec l’arrivée de Rio+20, engagement qui a donné lieu à un «side event» à Rio en juin dernier à l’occasion de ce grand Sommet de la terre. Malgré l’échec global des discussions entre les États, du côté des mouvements, ONG et groupes environnementalistes, la mobilisation a été significative et celle de l’ÉSS animée par l’association des RMB, avec ses quelques 200 participants, a été remarqué d’autant plus que c’était la première fois que l’ÉSS était active dans la mouvance environnementale internationale. C’était aussi une première parce qu’il y a eu rencontre avec des chefs d’État et des représentants d’institutions internationales pour faire valoir l’horizon politique d’une démarche qui donna lieu à un cahier de charge composé de 5 grands chantiers et de 20 propositions.
Après 2015 quels Objectifs du Millénaire pour le développement ?
Mais après Rio+20, comment et sur quoi repartir la mobilisation ? La décision du CA des RMB fut d’aller plus que jamais de l’avant quant sa présence au sein de grandes rencontres internationales que pilote l’ONU. Prochain rendez-vous à ce chapitre : cap sur les prochains Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont la première mouture adoptée en 2000 prend fin en 2015. Bilan de la lutte contre la pauvreté à faire et bilan autour des huit objectifs que s’était fixée l’ONU soit la réduction de l’extrême pauvreté, l’éducation primaire pour tous, la promotion de l’égalité des sexes, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, le combat contre le VIH-SIDA et le paludisme, la promotion d’un développement durable dont l’accès à l’eau potable et, finalement, la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement dont celui de l’aide publique au développement (APD).
S’atteler à cette tâche est immense. Le comité scientifique des RMB, sous la direction du sociologue sénégalais, Abdou Salam Fall, bien connu dans les milieux québécois de la coopération et de l’ÉSS, s’est renouvelé presque entièrement pour cet exercice. Après un appel en ce sens, 30 scientifiques (et pas seulement ceux qui sont rattachés à des universités) en provenance de 17 pays ont répondu positivement. Parmi ces 30 scientifiques, sept personnes forment l’équipe de pilotage du document d’orientation qui sera discuté à Chamonix en 2013 en vue des OMD après 2015.
Un ouvrage des RMB sur l’ÉSS comme réponse aux enjeux internationaux actuels
En attendant la suite de ses travaux, on peut lire l’ouvrage issu de la démarche Rio+20 de 2011 et 2012 dont l’intitulé est L’économie sociale et solidaire. Une réponse aux enjeux internationaux, sous la direction de Thierry Jeantet et la coordination d’Anne-Marie Wioland-Sahabana. Dans le libellé de la présentation, on campe l’ouvrage de la façon suivante : « Contrairement à un modèle économique discriminant (un fossé entre riches et pauvres chaque jour plus grand), excluant (de plus en plus de pauvres, et une pauvreté accrue, de moins en moins de riches mais une richesse accrue !), et aujourd’hui visiblement en fin de course, l’économie sociale et solidaire est un modèle économique efficace qui possède, de par son mode de fonctionnement, de par les valeurs qu’elle défend, et de par sa finalité, la capacité d’être transposé dans tous les contextes socio-économiques, au Nord comme au Sud… » Cette envolée un peu trop enthousiaste ne traduit pas nécessairement le ton des neuf textes conviés dans cet ouvrage mais il nous éclaire sur la récente place qu’occupe l’Economie Sociale et Solidaire sur la scène politique internationale…..Sont évoquées plusieurs pistes de solutions… pour sortir des multiples crises actuelles, pistes développées sous l’angle économique, puis social et enfin écologique.
L’ouvrage des Rencontres du Mont-Blanc – Forum International des Dirigeants de l’Economie Sociale et Solidaire, est édité en trois langues (français, anglais, espagnol) tant en version papier qu’en version électronique. Plus près de nous, un livre directement inspiré de cette démarche peut vous alimenter : La transition écologique de l’économie aux Presses de l’Université du Québec (Favreau et Hébert 2012).
Mentionnons que l’association s’est donnée l’an dernier les moyens de renforcer son internationalisation. D’une part par l’adoption de nouveaux statuts désormais ouverts à l’adhésion d’organisations d’ESS de tous les pays et de tous niveaux de revenus et, d’autre part, par une présence plus fortement marquée sur la scène internationale. Les RMB veulent aussi faire travailler conjointement des structures différentes (associations, coopératives, fondations, mutuelles) et des organisations de tous les pays. L’association des RMB propose 20 engagements de la part des chefs d’Etat, des pouvoirs publics dont elle veut être un partenaire en collaboration avec d’autres acteurs notamment les institutions internationales et les autres acteurs économiques.
Nos contributions, dit l’association s’inspirent des meilleures pratiques de l’expérience internationale de l’ESS autour de cinq chantiers lesquels traduisent des pistes de sortie de crises : 1) démocratiser l’économie et réguler la finance; 2) promouvoir un mode de gouvernance partagée ; 3) offrir de nouveaux choix sociaux; 4) mieux nourrir la planète ; 5) réorienter la mondialisation pour l’humaniser.
Les neuf articles se déploient de la façon suivante :
Chapitre I : L’Économie sociale et solidaire sur la scène politique internationale
• Lettre aux Chefs d’Etat
• Intervention de Michel Rocard à la 5ème édition des Rencontres du Mont-Blanc
• Les attentes du Sommet de la Terre Rio+20. Article collectif France, Sénégal, Canada
Chapitre II : Les solutions de l’Economie sociale et solidaire pour la sortie des crises
• L’économie sociale et solidaire : un nouveau système économique, par Nicolas Cruz Tineo, République Dominicaine.
• Les réponses de l’économie sociale et solidaire aux besoins sociaux dans le monde, par Abdou Salam Fall, Sénégal
• L’urgence écologique, le principal défi de l’économie sociale et solidaire, par Louis Favreau, Canada
Chapitre III : Quelles pistes pour l’Économie sociale et solidaire de demain ?
*La communication est essentielle dans l’économie sociale et solidaire, par José Maria Garriga, Argentine.
*L’enjeu de la formation en économie sociale et solidaire, article collectif par les membres du « Groupe RMB des jeunes pour l’ÉSS » (multi-pays).
*L’économie sociale, solidaire : une approche sociétale, par Thierry Jeantet, France.
On ne saurait trop vous recommander l’intervention fort remarquée de Michel Rocard. Michel Rocard a été premier ministre de France du temps du gouvernement Mitterand (1981) et fut en ce temps-là initiateur de la démarche des pouvoirs publics à l’époque autour de la notion d’économie sociale, comme notion se voulant fédérative pour regrouper coopératives, mutuelles et associations à vocation économique sous un même chapeau, celui d’un 3e secteur à côté du secteur privé et du secteur public.
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