Les régions dites ‘ressources’ sont assises sur des richesses immenses mais ont de la difficulté à les mettre au service d’un développement durable de leur territoire et des collectivités qui y vivent. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Elles ne sont pas toutes extérieures aux régions elles-mêmes, comme le pensent trop souvent les acteurs régionaux. Lorsque les élites locales appuient inconditionnellement les grandes multinationales pour qu’elles viennent exploiter ces ressources, se faisant parfois complice de leur lobby pour contester les politiques publiques pour un développement plus harmonieux des ressources naturelles, les régions se tirent elles-mêmes dans le pied.
C’est en lisant un article d’Alternatives Economiques portant sur l’exemple de l’agglomération d’Épinal, de la région des Vosges (en France), que l’idée d’écrire ce billet m’est venue. C’est là un excellent exemple d’une communauté qui se donne les moyens d’agir pour participer à la configuration du système productif local, et par la même occasion d’agir pour une transition écologique de l’économie. Frappée successivement pas la crise du textile puis par celle du secteur de la fabrication automobile, cette collectivité territoriale a mise en branle un effort collectif de développement d’une grappe industrielle autour d’une ressource locale (une forêt abondante) ainsi que d’une identité professionnelle forte, le travail du bois. En s’appuyant sur l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois et sur la présence du pôle de compétitivité Fibres (mis en place dans la foulée de la stratégie industrielle de la présidence de Jacques Chirac), les acteurs locaux ont fait du développement du secteur de l’éco-construction le projet porteur dont ils avaient besoin pour fédérer leurs efforts.
La première action du maire d’Épinal a été de créer un lieu de délibération et de concertation pour la formulation et la mise en œuvre de projets mobilisateurs. Pour appuyer leurs efforts, la communauté de communes d’Épinal a créé une société mixte qui participe aux études de marché et au financement des projets d’entreprises par le biais du capital de risque. Dans les deux premières années, trois projets d’entreprises en démarrage voient le jour, suivis par la décision d’une PME suisse spécialisée en système d’isolation en fibre de bois de venir s’installer dans la région en réalisant un investissement important. Pour mutualiser les efforts de toutes les entreprises associées à la grappe, on crée aussi une coopérative de producteurs qui permet de profiter d’un plus grand pouvoir d’achat. Enfin, le regroupement des activités permet de mettre en œuvre, lorsque cela est possible, les principes de l’écologie industrielle : les extrants des uns deviennent les intrants des autres. En l’occurrence, la chaleur dégagée par la papetière locale (une grande entreprise finlandaise associée à la démarche) est utilisée par la PME suisse pour fabriquer sa laine isolante en fibre de bois.
Bel exemple dont les principes (s’appuyer sur les ressources et les identités locales, mutualiser les efforts, concerter les volontés) peuvent être mis en œuvre partout au Québec.
Billet intéressant !
Le développement local doit être vu comme le progrès des réalisations d’intérêt général d’une région. Cet comportement malsain de laisser champ libre à des multinationales pour l’exploitation des régions peut être considéré comme un acte de corruption qui ralentit le développement dans son ensemble. Sur le réseau social du développement solidaire et citoyen « DevHope », nous avons opté sur le financement participatif pour contrer la crise afin de financer les projets d’intérêt général dans le monde pour le bien-être social. Il est une forme de financement qui peut réaliser des projets de création d’entreprise pour la contribution au développement durable.