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Le samedi 23 avril 2022

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L’impôt fait-il le bonheur ?

Riez tant que vous voulez, des études récentes prouvent que, si l’impôt peut effectivement faire fuir certains contribuables à l’étranger (les Depardieu de ce monde), ce qui est plus important c’est qu’il contribue à la satisfaction du plus grand nombre. Malgré l’importance du sujet, on connait néanmoins très peu de choses concernant l’impact de l’impôt sur le bien-être individuel. Heureusement, quelques chercheurs s’y intéressent.

Dans une étude publiée par l’Institut zur Zukunft der Arbeit (IZA), on apporte quelques éléments de réponse (« Happy Taxpayers ? Income Taxation and Well-Being« , document de travail de l’IZA). Deux idées constituent l’originalité de cette recherche. La première est de confronter bien-être et niveaux d’imposition. Grâce à une base de données très riche, le panel socio-économique allemand (GSOEP), on dispose d’informations sur le bien-être des individus telles que celles utilisées depuis longtemps en psychologie et, plus récemment, en économie.

Les personnes interrogées donnent leur niveau de « satisfaction dans la vie », mesuré sur une échelle de 1 à 10 (d’autres études ont démontré la grande corrélation de cette mesure subjective de bonheur avec des indicateurs plus objectifs du bien-être mental et psychique). Puisque pour ces mêmes individus la base de données fournit également leurs revenus, les montants d’impôt payés et divers déterminants du bien-être (niveau de santé, situation familiale, sur le marché du travail, âge, etc.), il est possible d’utiliser des méthodes statistiques standards pour mesurer l’impact simultané de toutes ces variables sur le bien-être individuel. La méthode permet, en particulier, d’estimer l’impact du montant d’impôt sur le revenu payé toutes choses égales par ailleurs, autrement dit à niveau de revenu (net d’impôt) donné, niveau de santé donné, etc.

L’étude conclut à un impact positif de l’impôt sur le bien-être à niveau de vie constant. Il s’agit d’un effet « conditionnel » : une hausse d’impôt améliore le bien-être si et seulement si le niveau de revenu net d’impôt reste inchangé. On l’interprète de la façon suivante : ce qui domine est probablement la perception qu’une partie de l’euro supplémentaire d’impôt revient au contribuable sous forme de biens ou de services publics, de satisfaction morale à aider les plus pauvres grâce à un système progressif et redistributif, du sentiment d’appartenir à une collectivité, etc. Un examen approfondi montre que l’impact de l’impôt sur le bonheur est significativement plus fort (par euro versé) pour la moitié des contribuables les moins riches et, dans la moitié la plus riche, pour les électeurs de gauche. L’étude prouve enfin qu’il ne s’agit pas d’une question de statut ou de prestige (afficher son salaire en montrant qu’on paye beaucoup d’impôts).

Ces résultats corroborent une autre étude (William T. Harbaugh, Ulrich Mayr et Daniel R. Burghart, « Neural Responses to Taxation and Voluntary Giving Reveal Motives for Charitable Donations« , Science nº 316, 2007) qui montre que des contributions obligatoires (de type impôt) activent les mêmes parties du cerveau que celles associées à une gratification liée à des contributions volontaires (du type don). C’est effectivement le cas si l’individu sait que sa participation est utile à la société. Je me sens déjà mieux…

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