Le sommet de Copenhague, a pour objectif de ratifier un nouveau traité déterminant la prochaine cible de réduction de GES, en remplacement du protocole de Kyoto, qui vient à échéance en 2012. Cet événement réunira les ministres de l’Environnement des pays membres de l’ONU, mais cette fois-ci, le premier ministre du Québec s’est invité à la rencontre afin de faire reconnaître la contribution des États fédérés dans l’atteinte des objectifs. La démarche aurait reçu l’appui du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et du premier ministre français François Fillon, mais le gouvernement fédéral s’est fait plutôt discret sur la question.
C’est dans cette perspective que la ministre du Développement durable et de l’Environnement a dévoilé récemment des cibles de réduction des gaz à effet de serre qui serviront à élaborer la position du Québec lors du sommet de Copenhague. Mme Beauchamp a déclaré que l’objectif québécois sera déterminé au terme de consultations qui se tiendront dans quelques semaines, avant la réunion internationale prévue en décembre dans la capitale danoise. Ainsi, Québec soumettra à la discussion des réductions de 10 à 20 % (par rapport à 1990) et permettra aux groupes intéressés de faire valoir leurs points de vue sur les impacts environnementaux et financiers.
Le document de consultation rappelle que la Conférence des Gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des P-M de l’est du Canada s’est engagée sur une cible de 10 %; que les États de l’ouest des É-U ont choisi une cible de 13 %; que l’Ontario s’est engagée en 2007 pour une cible de 15 % et que l’Union européenne s’est déjà engagée à réduire ses émissions de 20 % pour 2020 (mais de 30 % si un accord fort est obtenu à Copenhague). On calcule qu’en l’absence de nouvelles mesures de lutte contre les changements climatiques, les émissions de GES au Québec se situeraient en 2020 à 0,6 % sous le niveau de 1990, donc qu’il faudrait baisser nos émissions de 16,1 Mt CO2 éq. si on choisissait la cible de 20 %.
Cependant, de nombreux experts s’entendent pour revendiquer une réduction d’au moins 25 % des émissions de GES d’ici 2020, pour limiter la croissance des températures moyennes de moins de 2o C. Lester Brown, l’un des plus grands spécialistes du domaine, pense que nous pouvons et que nous devons couper nos émissions de 80 % d’ici 2020.
Le Regroupement des conseils régionaux de l’environnement (RNCREQ) réagit positivement à l’annonce du gouvernement du Québec de la tenue d’une consultation et sa volonté de se donner des cibles ambitieuses à l’approche de la conférence de Copenhague sur le climat.
Le président du RNCREQ, Jacques Ruelland, rappelle que « notre organisation fait de la lutte contre les émissions de GES et de la réduction de la dépendance au pétrole des priorités. Nous encourageons donc le gouvernement du Québec et allons intervenir pour que le scénario le plus ambitieux soit retenu ». Philippe Bourke, directeur général, insiste par ailleurs sur le fait qu’il s’agit d’une véritable nécessité, avantageuse à long terme : « au-delà des coûts à court terme d’un tel scénario, que nous ne banalisons pas, il ne faut pas oublier de mettre en perspective les coûts de l’inaction en matière de changements climatiques ». Il rappelle que d’après Nicholas Stern, économiste britannique et ancien vice-président senior de la Banque mondiale, « pour rester dans les limites acceptables de l’infernal phénomène de hausse des températures liée à l’effet de serre, les pays devraient consacrer 1 % du PIB mondial par an soit 275 milliards €/an. (…) Par contre si l’on continue à ne rien faire, le phénomène se traduira par une charge financière mondiale comprise entre 5 % et 20 % du PIB ».
Dans la foulée et en appui à l’action du gouvernement du Québec, le RNCREQ, grâce à l’importance et aux ramifications de son réseau, planifie une stratégie d’encadrement et d’arrimage dans chacune des régions administratives du Québec qui permettra de structurer l’action des acteurs du milieu de manière à assurer l’atteinte de ces objectifs ambitieux et nécessaires.
Au moment de l’annonce des consultations, l’horaire était déjà fait! Quelle place à la consultation, vraiment, dans ces conditions?
http://www.assnat.qc.ca/fra/39legislature1/commissions/Cte/index.shtml
C’est juste frustrant de voir que tout est « canné »… ça ne me donne pas trop d’espoir sur l’établissement d’une cible ambitieuse pour le Québec.