L’auteur invité, Anne Latendresse, est membre du comité de suivi du Cinquième Sommet citoyen de Montréal (extraits)
Alors que la campagne électorale municipale vient de commencer dans l’ensemble des villes du Québec, la population de Montréal est conviée à un grand Rendez-vous des MontréalaisEs qui se tiendra au Forum social Québec (FSQ) du 9 au 12 octobre prochain. Cette invitation fait suite à l’appel lancé par les organisateurTRICEs du cinquième Sommet citoyen de Montréal, quivoyaient la nécessité de créer un mouvement citoyen pour promouvoir une ville démocratique, juste et écologique à Montréal face au déficit démocratique de la scène municipale montréalaise.
L’idée d’un tel mouvement, qui veut rassembler à la fois des citoyenNEs organisés et non-organisÉs, germait depuis quelques années déjà, rappelle Dimitri Roussopoulos, co-fondateur des sommets citoyens de Montréal. Pour les organisateurTRICEs, la tenue de sommet, tous les ans ou aux deux ans, est importante mais insuffisante. De sommet en sommet, constate Roussopoulos, nous ne parvenions pas à nous doter d’une force de frappe pour intervenir dans le débat public. Or, la situation actuelle laisse croire que sans la présence d’un tel mouvement où seront rassemblés les militantE des divers réseaux et secteurs (habitation, logement social, transport, environnement, intégration des familles immigrantes, itinérance, etc,), la ville de Montréal poursuivra, lentement mais inéluctablement, son déclin. […]
La création d’un mouvement citoyen pluriel est donc indispensable. La ville n’appartient pas aux éluEs et encore moins aux promoteurTRICEs de tout acabit, résume Roussopoulos. Elle doit, en premier lieu, appartenir à ceux et celles qui l’habitent. Pour y parvenir, il faut se doter de moyens concrets pour intervenir. La tenue des sommets est importante, mais elle ne suffit pas. Il faut créer un espace de contre-pouvoir à Montréal, ce qui ne veut pas dire créer un nouveau parti politique. La présence d’un tel mouvement permettrait non seulement d’intervenir dans les débats publics sur les grandes orientations de la ville, mais aussi d’interpeller les éluEs ou les candidatEs qui se sont engagés à mettre de l’avant certaines propositions durant la campagne électorale et qui parfois oublient trop vite leurs promesses une fois éluEs. En fait, précise Roussopoulos, il s’agit de se doter d’une capacité d’intervention dans les débats concernant les enjeux municipaux et urbains à Montréal. Ce mouvement pourrait en effet servir à la fois de chien de garde des intérêts citoyens et de promoteur d’une vision de la ville qui serait juste, écologique et démocratique et qui appartiendrait à l’ensemble des citoyenNEs qui l’habitent. Bref, ce mouvement pourrait à la fois servir de mouvement de pression et de mobilisation citoyenne qui mettraient de l’avant l’appropriation citoyenne de la ville.
La forme organisationnelle de ce mouvement citoyen autonome et pluriel, sa mission et ses objectifs restent à définir avec ceux et celles qui souhaitent sa création. Le premier débat pour lui donner naissance aura lieu lors du Rendez-vous des MontréalaisES qui se tiendra au Forum social Québec du 9 au 12 octobre. Pour les membres du comité de suivi du cinquième Sommet citoyen, ce mouvement devrait rester ouvert, large et inclusif. […]
Enfin, ce mouvement doit refléter la diversité et la richesse des horizons et des provenances géographiques et culturelles de sa population. Pour réussir, il devra être constitué de citoyenNEs de toutes provenances et de divers horizons. Les familles immigrantes, les réfugiés et les sans papiers qui s’établissent à Montréal doivent avoir les conditions nécessaires pour assumer leur citoyenneté active. La métropole et ses quartiers demeurent le lieu par excellence de la rencontre des voisinEs qui partagent, dans leur vie quotidienne, des réalités très concrètes : le transport, les écoles de quartier, les services de proximité, les sports et loisirs sont autant de lieux et d’espaces pour faire connaissance et apprivoiser l’autre. Plus que de simples bénéficiaires de services ou payeurs de taxe, les immigrantEs doivent pouvoir contribuer à la construction de la communauté politique montréalaise dans une ville juste, démocratique et écologique. Car après tout, n’est-ce pas de cela dont il s’agit ?
D’ici la création officielle de ce mouvement, qui pourrait avoir lieu quelque part au début de l’année 2010, le comité de suivi du cinquième Sommet citoyen fait circuler un Agenda citoyen pour Montréal. Cet agenda se veut à la fois un outil d’éducation populaire qui présente une vision claire de La ville que nous voulons, ses grands principes, ses valeurs et des propositions concrètes pour y parvenir. L’agenda pourrait également servir de plate-forme du mouvement citoyen pluriel…
Si l’utopie est nécessaire pour créer ce mouvement, cela exige également un certain pragmatisme. Plusieurs écueils guettent la création d’un tel mouvement, notamment la difficulté de coexistence de citoyenNEs organisés et non organisés. Ce n’est pas un secret de Polichinelle que d’admettre publiquement la difficile coexistence de citoyens représentant des milliers de travailleurEUSEs et des citoyenNEs engagés dans l’action directe… La fameuse question de la mobilisation des ressources, financières et organisationnelles soulèvent aussi des enjeux importants. Accepter ou ne pas accepter du financement, notamment des diffiérents paliers gouvernementaux ? En fait, comment en effet préserver l’autonomie d’un tel mouvement ? Et comment faire en sorte qu’il ne devienne pas l’apanage de ceux et celles qui l’auront mis sur pied ? Enfin et surtout, comment faire pour rejoindre les citoyenNEs de Montréal-Nord, Côte-Des-Neiges, Parc Extension et Saint-Michel. Pour reprendre les propos d’Henri Lefebvre qui évoquait, à la fin des années 1960, le Droit à la ville : la ville doit appartenir à tous ceux et celles qui l’habitent. À nous de la prendre !
On peut lire le texte complet sur le site Internet Le Journal des Alternatives
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