Dans une note d’intervention de l’IREC publiée en 2010, j’attirais l’attention sur le fait que la Suède avait décidé d’éliminer le pétrole de son portefeuille énergétique d’ici 2030. Or, selon un billet récent tiré du blogue Clean Technica, la Suède serait en voie de devenir le premier pays libre de pétrole…en 2020.

Lors de la première crise du pétrole en 1973, la Suède avait été frappée de plein fouet, comme tous les autres pays du monde industrialisée. Mais contrairement à eux, elle s’était donné dès lors une stratégie pour un jour s’en libérer totalement. En misant sur l’énergie hydroélectrique, la géothermie et la biomasse, la Suède avait éliminé une partie de sa dépendance au pétrole, passant de 77% de l’énergie consommée en 1973 à 32% en 2003. Il ne restait plus que le pétrole utilisé dans les transports à remplacer.

Le coup de barre pour libérer le pays du pétrole a principalement été donné au milieu des années 1980, lorsque le gouvernement a donné un mandat à la Royal Swedish Academy of Sciences de former un comité sur l’énergie pour consulter la population et proposer un plan d’action. Composé de chercheurs, d’entrepreneurs, cultivateurs, fonctionnaires et autres, le comité a déposé son rapport au parlement en 1986, proposant à la population suédoise un plan global pour libérer la Suède du pétrole.

Aujourd’hui, les derniers efforts du pays porte sur l’élimination graduelle du pétrole du transport. De nouveaux standards (E85, soit 15% d’éthanol et 85% d’essence) d’essence à la pompe ont été imposés aux pétrolières. Une série de mesures incitatives à la production et à la consommation d’éthanol de 2e génération ont été mises en place alors que d’autres mesures étaient prises en parallèle afin que les constructeurs automobiles ofrrent sur le marché suédois des véhicules moteurs à essence hybride (FFV, flex-fuel vehicles). Les ventes de ces véhicules sont ainsi passées de 717 en 2001 à 200 000 en 2011.

Lorsque l’on voit des populations prendre ce genre de responsabilité collective, on peut dire d’eux que « c’est quelque chose comme un grand peuple ». Ce choix est audacieux, il renvoie à des décisions importantes en matière d’insertion dans la communauté internationale et dans l’économie globale. L’économie suédoise n’est pas une économie fermée, au contraire. Le peuple suédois a néanmoins le courage et l’audace de faire fi du manque de volonté de la communauté internationale dans cette guerre au réchauffement, confiant semble-t-il que non seulement leur choix ne nuira pas à la compétitivité de l’économie suédoise, mais qu’il leur apportera un dividende !

Le Québec, qui partage avec la Suède plusieurs sensibilités, en plus d’un climat pas toujours très clément, n’aurait-il pas intérêt à s’en inspirer ? Se libérer du pétrole pour 2020 ou 2030, pourrait constitue un formidable défi collectif, en même temps qu’un choix déterminant pour le type d’économie dans lequel nous voulons inscrire notre modèle de développement. Et ça ne semble pas un choix qui relève de l’utopie.