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Le samedi 23 avril 2022

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Financer la transition énergétique : les coûts augmentent

Pour se libérer des énergies fossiles, des investissements massifs seront absolument nécessaires. Il est assez difficile d’évaluer aujourd’hui leur coût global. Pourtant, Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, estimait dans son étude commandée par le gouvernement britannique en 2006 que les pays devraient investir annuellement 1% de leur PIB dans la lutte aux changements climatiques s’ils veulent éviter un réchauffement climatique supérieur à 2o C.

Malheureusement, plus nous attendons longtemps avant d’agir, plus les coûts de la transition augmentent. C’est en tout cas ce que montre l’exemple de l’Allemagne, qui s’est donné un plan d’action en ce sens. Selon une étude publiée récemment, l’Allemagne devra investir annuellement 1,5 % de son PIB, soit 37 milliards d’euros, dans des mesures visant à réduire l’impact du changement climatique. Mais ces dépenses ne relèvent pas toutes de l’État, bien au contraire. La majorité du financement lié au climat (22 milliards d’euros) provenait d’entreprises issues de tous les secteurs de l’économie, notamment des agriculteurs, des services publics liés à l’énergie et des entreprises industrielles et commerciales. Les ménages ont investi la somme considérable de 14 milliards d’euros. Le secret du plan d’action repose sur le fait que les incitations gouvernementales contribuent significativement à débloquer des capitaux privés au profit du financement lié au climat en Allemagne. Près de la moitié des investissements privés ont été appuyés par des prêts à faible taux d’intérêt offerts par des banques publiques comme KfW ou Rentenbank.

« Il incombe au gouvernement de créer un contexte favorable aux investissements des entreprises et des ménages dans l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique. En effet, les prêts à faible taux d’intérêt garantis par le gouvernement et des politiques telles que la tarification incitative semblent avoir considérablement contribué à encourager ces investissements privés », a déclaré Barbara Buchner, directrice de CPI Europe.

D’après l’Agence internationale de l’énergie, il faudrait chaque année engager mondialement 1 000 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans le seul secteur de l’énergie pour promouvoir une véritable transition, soit autour de 1,6% du PIB mondial. Une somme bien plus importante sera nécessaire pour parvenir à un développement résilient au changement climatique au niveau mondial. Or, selon un rapport que l’agence a publié, nous sommes loin du compte avec moins de la moitié de ces investissements qui auraient été effectivement réalisés.

Parmi les solutions : de nouvelles taxes

Nous n’avons pas le choix : pour financer ces investissements gigantesques, il est urgent de réformer la fiscalité de manière à intégrer au plus vite les externalités environnementales des énergies fossiles, donc de rétablir la ‘vérité’ des prix. On a beau critiquer les politiques d’austérité des pays européens, mais dans le domaine de la transition énergétique ils posent des gestes concrets, ils investissement dans les infrastructures de l’avenir.

Prenons l’exemple du développement du réseau de transport en commun du Grand Paris Express, l’un des plus grands projets d’infrastructure de toute l’Europe. Il redéfinira complètement le paysage de la région parisienne d’ici 2030. Un projet titanesque de 31,5 milliards d’euros (41 milliards de dollars). Ce nouveau réseau sera financé par des subventions de l’État (revenu provenant de la taxe carbone) et grâce à de nouvelles taxes, dont la plus importante est la « taxe locale sur les bureaux ». Dès 2015, cette dernière permettra à la SGP – la Société du Grand Paris, l’organisme sans but lucratif qui chapeaute la construction – d’engranger environ 500 millions d’euros par an. Ces importantes ressources fiscales serviront à rembourser les prêts qui seront contractés pour financer le nouveau réseau. La SGP empruntera des dizaines de milliards sur les marchés obligataires, qui seront remboursés pendant 40 ans à partir de la fin des travaux, soit jusqu’en 2070, grâce à ce flux de revenus fiscaux. Mais les retombées seront majeures tout au long de sa construction : quelque 20 000 emplois directs et 115 000 emplois indirects seront ainsi créés, des parcs industriels et technologiques seront aussi mis sur pied dans divers points névralgiques des banlieues parisiennes.

Mais ici, au Québec, il est pratiquement impossible de lever de nouveaux impôts en raison de l’obstruction systématique des milieux d’affaires et du 3% (part des contribuables québécois qui ont des revenus imposables supérieurs à 130 000). Michel Leblanc, le dg de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, est mal placé pour donner des leçons aux empêcheurs de tourner en rond : lui et ceux qu’il représente sont non seulement les principaux responsables des problèmes que nous connaissons (émissions de GES, corruption, collusion), mais sont aussi ceux qui empêchent de mettre en branle les solutions.

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