Encore aujourd’hui, alors que les preuves scientifiques et les faits s’accumulent pour démontrer que le réchauffement climatique est une réalité déjà à l’œuvre, un mouvement de résistance s’acharne à nier cette réalité. En Amérique du Nord, ce mouvement réactionnaire domine le débat public. Il est donc urgent de diffuser une information diversifiée sur les changements climatiques.
Les fuites de méthane minent les bénéfices du passage au gaz
Une étude réalisée par l’ONG Center for Climate and Energy Solutions (C2ES) confirme que le transfert du charbon vers le gaz pour la production d’électricité aux États-Unis a permis de diminuer les émissions de CO2 provenant de ce secteur. Les centrales au gaz (29% de l’électricité en 2012) émettent la moitié moins de CO2 que celles au charbon. Par contre, les fuites de méthane découlant de la production et du transport du gaz de schiste compensent presque totalement les bénéfices de ce transfert puisque le méthane est 21 fois plus nuisible pour le climat que le CO2. L’EPA s’attaque cependant au problème en imposant de nouvelles normes pour l’exploitation des puits de production de gaz de schiste, qui les entreprises devront respectées d’ici 2015. Selon les données fournies par les entreprises, l’EPA évalue que les fuites de méthane serait passées de 2,27% en 2012 à 1,54% en 2013. Par contre, des études indépendantes font des estimations qui vont de 0,71% à 7,9%. Selon le World Resources Institute, il faudrait diminuer les fuites à 1% pour s’assurer que les impacts sur le climat de la production de l’électricité avec les gaz de schiste soit moindre que celle utilisant le charbon ou le diesel.
La consommation énergétique augmente de 1% en 2012 mais les émissions de GES sont en hausse de 1,4%
Enerdata, un cabinet d’études basé à Grenoble, vient de publier son du Bilan énergétique mondial 2012. Le tableau qu’il livre pour l’énergie en 2012 montre une certaine modération de la consommation des pays du G20 (qui comptent pour 85 % du PIB mondial) : elle a augmenté de 1 % alors que le PIB s’élevait de 2,1 %. Parmi les faits saillants : le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) consomment plus d’électricité que les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Canada, Italie); alors que la Chine voyait sa consommation d’énergie croître de 7 % par an depuis 2000 (et même 8 % en 2010), elle a fortement décéléré en 2012, avec un taux de croissance ramené à 4 %; le charbon reste le principal combustible utilisé pour produire de l’électricité (40 % de l’électricité produite dans les pays du G20), mais la croissance de la demande de charbon s’est ralentie (+ 2 % contre + 5 % en 2011); la progression des énergies renouvelables (20 % de la production électrique du G20) les placent maintenant loin devant le nucléaire, qui décroit et ne compte plus que pour 11 %; en 2012, l’efficacité énergétique n’a diminué que de 1,7 %, un niveau insuffisant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En somme, mauvaise nouvelle pour le climat : les émissions de CO2 dans le monde ont augmenté de 1,4 % en 2012. La décélération chinoise, mais aussi celle des États-Unis, sont compensées par l’essor des BRICS, qui utilisent plus de charbon.
L’AIE propose 4 mesures urgentes contre le réchauffement
Dans un nouveau rapport, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) exhorte les gouvernements à adopter rapidement 4 politiques énergétiques qui permettraient de maintenir les objectifs climatiques sans pour autant nuire à la croissance économique. « Ce rapport montre que le chemin que nous sommes actuellement en train de prendre est plus susceptible de se traduire par une augmentation de la température comprise entre 3,6° C et 5,3° C. Il indique également que davantage pourrait être fait pour réduire les émissions de dioxyde du carbone (CO2) du secteur de l’énergie sans compromettre la croissance économique, une préoccupation importante pour de nombreux gouvernements ». Le rapport de l’AIE propose un scénario « 4 pour 2°C’ où les émissions mondiales de GES liées à l’énergie seraient de 8% (3,1 Gt CO2) inférieures en 2020 que le niveau attendu : 1) des mesures d’efficacité énergétique, 2) la limitation de la construction et de l’utilisation de centrales à charbon à bas rendement, 3) des actions pour réduire de moitié le rejet de méthane dans l’atmosphère provenant de l’industrie pétrolière et gazière et 4) la suppression progressive des subventions à la consommation de carburants fossiles.
Migration de la vie marine vers les pôles
Des chercheurs de plusieurs universités à travers le monde constatent que la vie marine migre massivement vers les pôles, cherchant des milieux d’eau plus froide, démontrant ainsi une tendance forte au réchauffement des océans. Selon William Cheung et ses collègues de l’Université de la Colombie-Britannique, la température des océans s’accroît toujours plus rapidement depuis 4 décennies. Leur étude repose sur des données provenant de 52 écosystèmes marins couvrant la majorité des zones de pêche. Si cette tendance pose de sérieux problèmes à la gestion de la pêche en général, elle représente un défi majeur pour les populations vivant dans les zones équatoriales qui vivaient beaucoup de la pêche artisanale.
La Chine centrale se réchauffe plus rapidement que prévu
Des chercheurs de l’Université de Californie ont récemment révélé que la température dans le centre de la Chine se réchaufferait de façon beaucoup plus rapide que ce que les modèles de prévision suggéraient. Plus largement, leur recherche montre que des écosystèmes plus sensibles pourraient connaître des hausses de température de deux à quatre fois plus importantes que prévues. Dans la Chine centrale, les températures seraient par exemple de 10 à 14 degrés Fahrenheit plus élevés à l’heure actuelle qu’il y a 20 000 ans. Un modèle développé par des chercheurs des sciences de l’Environnement Global de l’Institut Pierre Simon Laplace arriveraient aux mêmes résultats.
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