À l’image du gouvernement Harper, qui détient le pire bulletin de notes de tous les gouvernements des pays développés, les entreprises canadiennes sont de mauvais élèves, des cancres, dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques. Le nombre d’entreprises publiques (cotées en bourse) qui acceptent de divulguer des renseignements sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) est en baisse au pays, et celles qui le font souffrent de la comparaison avec les grandes sociétés du reste du monde.

Le Carbon Disclosure Project (la CDP, à ne pas confondre avec la Caisse de dépôt et placement dont les pratiques de reddition de comptes sont justement assez déplorables) est une organisation internationale créée en 2000 dont la mission est d’améliorer l’information sur les émissions de GES des grandes entreprises pour, qu’ultimement, il soit plus facile de les obliger à les réduire. Aujourd’hui, la CDP est active dans 66 pays et estime avoir contribué au fait que 2 000 entreprises publiques ont maintenant des pratiques de divulgation et/ou des stratégies de réduction de GES.

Au Canada, dans le cadre de sa campagne annuelle auprès des entreprises publiques réalisée en février, 97 des 200 plus importantes entreprises cotées à la Bourse de Toronto ont accepté de répondre au questionnaire envoyé par le Carbon Disclosure Project, contre 103 l’an dernier. Ce sont les sociétés des secteurs à fortes émissions de GES qui ont été les moins nombreuses à s’exécuter. À 49 %, le taux de participation des grandes entreprises canadiennes est très inférieur à celui du groupe des 300 plus importantes sociétés européennes (82 pour cent), du Standard & Poor’s 500 des États-Unis (66 pour cent) et même des géants du Brésil (76 pour cent) et de l’Afrique du Sud (68 pour cent).

« Les gens (d’affaires) ne veulent pas admettre que la situation est vraiment grave », déclare Rick Petersen, du cabinet de relations publiques National, commanditaire du Carbon Disclosure Project. Pourquoi serrait-on surpris de cet état de fait ? Les entreprises les plus polluantes savent bien que le gouvernement canadien ne prendra pas de mesures coercitives pour les obliger à agir rapidement, alors elles empochent le plus de profits possibles pendant le temps que ça va durer. Le futur de la planète ? Les dirigeants de ces entreprises savent bien qu’ils seront six pieds sous terre dans quelques années, mais qu’entre temps ils pourront générer un fabuleux patrimoine financier pour leur progéniture. À côté de ça, le patrimoine naturel de l’humanité ne fait pas le poids.

Parmi les entreprises québécoises qui n’ont pas jugé bon de répondre au sondage du CDP, on retrouve : Astral Media, Cogeco Câble, le Groupe Jean Coutu, Power Corporation, Quebecor, Reitmans et Transat. D’autres, comme la Banque Nationale, CAE, CGI, Gildan, Metro, Rona et Saputo ont produit des réponses peu détaillées, omettant même de déclarer leurs émissions totales de GES.

Quatre sociétés québécoises font partie des 15 qui ont été désignées « chefs de file de la communication de l’empreinte climatique » au Canada: le Canadien National, Bombardier, Gaz Métro et BCE. Parmi les autres leaders canadiens, on retrouve Enbridge, EnCana, Suncor, Penn West Energy et quatre des cinq plus grandes banques canadiennes. Pour ces dernières, on doit comprendre qu’il s’agit des « leaders » en divulgation, pas nécessairement en pratiques soutenables.

Selon le CDP, les sociétés canadiennes obtiennent les pires résultats au monde en ce qui concerne la volonté d’adopter des plans de réduction des émissions, de voir dans les changements climatiques des occasions d’affaires et de faire appel à des vérificateurs externes pour corroborer leurs données sur les GES.