On parlera sûrement du premier budget du nouveau président des États-Unis comme celui qui marquera le début du New Deal vert. Ce budget était attendu de pied ferme, autant par les Républicains aveuglément opposés à une présence accrue de l’État, que par tous les Démocrates qui ont appuyé sa campagne pour le changement. Avec les volets environnementaux du plan de relance accepté par le Congrès à la mi-février, les mesures du plan budgétaire 2009 présenté cette semaine marquent en tous les cas un tournant à près de trente ans de politique conservatrice irresponsable.
Les diverses mesures du plan de relance de 789 milliards $ voté par les deux chambres du Congrès ont un contenu environnemental important. La mesure la plus importante est le doublement en trois ans de la production d’énergie renouvelable (de 7 % à 15 % de la production totale d’énergie) par le biais de crédits facilitant des projets de développement éolien, solaire ou géothermique. On met aussi en place un vaste programme de rénovation pour améliorer l’efficacité énergétique de 2 millions de logements et de 75 % des bâtiments administratifs. Le volet, plus contesté, de la relance du nucléaire obtient tout de même 50 milliards $ en diverses mesures de soutien. Un vaste programme de modernisation des lignes de transport énergétique, dites plus « intelligentes », devrait à lui seul contribuer à la création d’un demi-million d’emplois. Mais, étant donné l’expertise du Québec dans ce domaine, on peut prévoir qu’une partie significative de ces emplois seront créés ici.
Au-delà du plan de relance proprement dit, la politique de lutte contre les changements climatiques du nouveau président sera marquée par la mise en place d’un marché de permis d’émissions (le cap-and-trade scheme) qui permettra d’internaliser les coûts environnementaux de la production de GES par les entreprises, en même temps qu’il stimulera les activités économiques ayant des externalités environnementales positives. On prévoit en effet que les revenus découlant du marché d’émission – les droits d’émission seront vendus aux enchères – s’élèveront à 646 milliards $ entre 2012 et 2019. Les spécialistes anticipent que le prix de la tonne de carbone s’élèverait autour de 13-15 $ lors du lancement du marché, en 2012. Ces prévisions de revenus ont été dévoilées cette semaine lors de la présentation du budget 2009 de l’administration Obama, un budget de dépenses de 3 550 milliards $ dont le déficit est évalué à 1 750 milliards $. Le président Obama a présenté ce budget comme le plus « vert » de l’histoire des États-Unis, annonçant explicitement une augmentation des dépenses de l’administration pour la protection de l’environnement, un budget de 150 milliards $ en investissement dans les nouvelles technologies propres et la fin des aides fiscales pour les industries intensives en carbone. L’élimination des mesures fiscales favorables aux pétrolières, qui ont été votées par les administrations précédentes, génèrerait des revenus supplémentaires de 2 milliards $ à partir de 2011; en même temps, le budget de l’EPA (l’Agence de protection de l’environnement) verrait son budget augmenté d’un milliard $.
Le lendemain de la présentation du budget, deux des plus grandes entreprises énergétiques des États-Unis annonçaient des investissements majeurs dans des projets d’énergie solaire thermique pour profiter des nouvelles mesures budgétaires. Dans les deux cas, il s’agit de projets de fermes solaires thermiques en Californie et dans les États du Sud-Ouest, totalisant la production de 1 000 MW d’énergie. Les projets sont soutenus par le Gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, qui s’est engagé à accélérer l’analyse des projets, qui seront garantis par la California Public Utilities Commission.
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