En ce 3e jour de notre mission à Grenoble, nous avions prévu rencontrer deux organisations dont les bureaux sont tous les deux situés dans ce qu’ils appellent un « hôtel d’activités », c’est-à-dire un édifice regroupant une dizaine d’organisations de l’ÉSS, avec des loyers modérés, une mutualisation des services, une mise en réseau des entrepreneurs et une implication des organisations dans la gestion du site. L’une de ces deux organisations est dans le secteur de l’énergie (Énercoop), alors que l’autre est dans celui de l’agriculture/alimentation (Alliance PEC).
Commençons par cette dernière. L’Alliance PEC (Paysans Ecologistes Consom’acteurs) de l’Isère est une association qui défend l’agriculture durable, et particulièrement l’agriculture biologique. Créée dans les années 1980 autour d’une lutte contre les cultures OGM, l’Alliance est un collectif d’associations, de membres d’individuels et – depuis janvier 2007 — de représentants des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Ses statuts favorisent la rencontre entre ses trois composantes :
• des paysans qui veulent vivre de leur métier en préservant l’environnement et s’engagent dans des productions saines;
• des écologistes qui s’investissent dans la défense de l’environnement, soutiennent une agriculture respectant les équilibres naturels, et le bien-être des animaux;
• des consommateurs qui, dans un esprit citoyen, recherchent une alimentation de qualité accessible à tous, pour une meilleure santé.
L’Alliance encourage donc une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement et économe en énergie ; un tissu rural vivant où l’agriculture a encore toute sa place ; enfin une agriculture biologique certifiée (label « AB »), mais qui ne constitue pas, néanmoins un critère obligatoire d’affiliation. Elle agit par ailleurs avec les consommateurs pour les aider à choisir leur alimentation comme source de santé et à réfléchir sur les conséquences de notre comportement alimentaire sur l’évolution des agricultures, la qualité des produits, leur origine, mais aussi la qualité de notre environnement
A ce titre, l’Alliance PEC (de l’Isère et d’ailleurs en France) met en place et coordonne les AMAP et participe à des actions de sensibilisation du grand public (stand, projections débat, conférences…). Un AMAP fait en France ce qu’Équiterre fait au Québec en servant d’intermédiaire direct entre des agriculteurs et des consommateurs pourl’achat direct et la distribution de paniers de produits agricoles. Pour la seule région de l’Isère, on trouve plus de 80 AMAP regroupant 180 agriculteurs et 2 500 ménages. Les AMAP sont fondées sur une charte (formulée en 2002) qui garantit l’éthique de la démarche. Ce document de référence a été établi par l’Alliance PEC Rhône-Alpes, en accord avec l’Alliance PEC Provence – dépositaire du sigle du concept AMAP. Enfin on trouve un regroupement national, le Miramap (Mouvement inter-régional des AMAP), qui travaille depuis quelque temps sur une reformulation de la Charte des AMAP.
La deuxième rencontre devait se faire avec Enercoop mais malheureusement elle a été annulée. On peut néanmoins en dire quelques mots. D’abord il faut comprendre qu’avec l’imposition par l’Union européenne d’une démarche de déréglementation et de privatisation des sociétés d’État dans les services d’utilité publique, l’ouverture du marché de l’électricité en 2004 a ouvert la voie à la libéralisation de la production d’électricité. En ce sens, Enercoop propose une troisième voie sur le marché de l’électricité entre le privé à but lucratif et le public : de forme privée mais d’intérêt public. En 2005, la société Enercoop voit le jour sous la forme d’une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Le statut SCIC permet un sociétariat hétérogène, en réunissant autour du même projet des acteurs pouvant avoir des intérêts divergents (producteurs, consommateurs, associations, collectivités locales et salariés de la SCIC), selon un fonctionnement démocratique et transparent répondant à la règle « 1 personne = 1 voix ».
Enercoop est un fournisseur d’électricité qui s’approvisionne directement auprès de producteurs d’énergie renouvelable (solaire, éolien, hydraulique et biogaz) et dont les bénéfices sont réinvestis dans les énergies renouvelables. Comme son nom l’indique, il est aussi un fournisseur d’électricité sous forme coopérative. Reconnu d’Utilité Sociale et d’Intérêt Collectif (SCIC), Enercoop est également agréé par l’État français comme Entreprise Solidaire. Enercoop fournit de l’électricité à des entreprises et à des particuliers, depuis 2007. Aujourd’hui, Enercoop a dépassé les 13 000 consommateurs et les 8 000 sociétaires. Elle s’approvisionne auprès de 78 producteurs d’énergie.
Demain : rencontre avec l’Agence locale de l’énergie.
Discussion
Pas de commentaire pour “Mission en France : l’apport de l’ÉS dans la transition énergétique (4)”