Dans ce dernier billet de notre mission à Grenoble je vais présenter les deux organisations que nous avons rencontrées hier et dresser un premier bilan. Commençons donc par la présentation de l’Agence Locale de l’Energie et du Climat de l’agglomération grenobloise (ALEC). Il s’agit d’un outil de proximité, d’aide à la décision, d’un lieu d’échanges et de conseil en matière d’énergie, pour tous les consommateurs de l’agglomération grenobloise, mais d’abord et avant tout au service des communes et de l’agglomération grenobloise qui lui a donné naissance. Elle est née d’une volonté des collectivités locales de s’engager dans une démarche de maîtrise de l’énergie. L’ALEC travaille à faire évoluer les habitudes et les mentalités en matière d’habitat, de déplacement, de mode de vie et de consommation. Elle travaille aussi auprès des bailleurs sociaux (gestionnaires de logements sociaux), des syndicats de copropriétés et de grandes institutions (dont les universités).
La gouvernance de l’ALEC est composée de 4 collèges : les collectivités publiques, les entreprises, les organisations ou associations oeuvrant dans le domaine de la maîtrise de l’énergie, ainsi que les membres associés (des acteurs associatifs comme les associations de consommateurs). L’ALEC fait partie d’un réseau d’environ 250 agences en Europe (il existe 29 agences locale de maîtrise de l’énergie et du climat en France, regroupées au sein d’une association : FLAME) qui agissent au niveau local en matière d’efficacité énergétique et de lutte à la pollution atmosphérique. Le conseil personnalisé auprès des particuliers est une de ses missions (principalement sur les questions touchant au bâti), mais son rôle est aussi d’accompagner les collectivités, les bailleurs sociaux et plus globalement les professionnels dans leurs démarches de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables. D’ailleurs puisque les agglomérations doivent depuis deux ans obligatoirement se donner un Plan Climat, ce sont souvent les ALE qui héritent du mandat de les formuler, de les réaliser et de mesurer leur évolution (l’ALEC grenobloise réalise ce mandat d’Observatoire).
Je ne vois vraiment rien d’équivalent au Québec. Dans ce cas précis, il y aurait donc un intérêt certain à initier une recherche comparative France-Québec permettant de mieux faire connaître au Québec ce type d’expérience associative. Je dirais d’ailleurs la même chose de la dernière organisation que nous avons visitée. SOLENI (Solidarité énergie insertion) est une entreprise d’insertion qui offre la réalisation de diagnostics énergie sociotechniques à domicile. En plus d’accompagner les ménages dans la maîtrise de leur consommation, elle installe des matériels économes et effectue des travaux de confort thermique. En même temps qu’elle insère des personnes en difficulté professionnelle dans un travail qualifiant, elle constitue une réponse concrète aux besoins sociaux de lutte contre l’exclusion et de lutte contre des personnes en situation de précarité énergétique. Elle travaille en collaboration avec les fournisseurs d’utilité publique (électricité, gaz et eau) qui font appel à ses services pour intervenir auprès de leurs clientèles. L’association est encore toute récente (offrant trois postes d’insertion), mais l’ambition est d’essaimer dans toutes les régions de France puisque la précarité énergétique toucherait une proportion appréciable de la population (3-4 millions de personnes selon notre interlocuteur) dans le contexte actuel de chômage et du prix de l’énergie en augmentation.
SOLENI est un service du Groupe ULISSE (un Groupe économique Solidaire) qui regroupe plusieurs autres services spécialisés sous la forme d’entreprises d’insertion (ateliers de recyclage et de peinture, services à domicile, dans le bâtiment, etc.). Au total c’est 420 personnes aidées en 2010 (125 ETP), 2 500 clients et 3 millions $ de revenus. Comme je le disais précédemment, il n’y a rien d’équivalent au Québec à ce que fait SOLENI.
Cette série de billets sur la mission conjointe IRÉC-CRDC à Grenoble se termine sur cette présentation de nos rencontres de jeudi (hier). Aujourd’hui nous allons faire le bilan de notre semaine avec les chercheurs de l’ESEAC et de l’UMR PACTE pour clore ce travail prospectif. Et lundi nous rencontrons à Paris Jean-François Draperi, rédacteur en chef de la RECMA, pour discuter d’une possible collaboration sur un numéro de la revue sur ces thèmes.
Mais ce billet étant aussi le dernier avant des vacances bien méritées d’OikosBlogue, j’en profite pour souhaiter à tous les lecteurs un très bon été, avec beaucoup de soleil et du repos.
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