L’auteur invité est Eric Loiselet, président du comité de suivi de la politique de placement de l’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (Erafp, France).
Les dividendes versés à leurs actionnaires par les entreprises cotées se sont envolés ces dernières années : ils représentent une part rapidement croissante des bénéfices dégagés. Aux dépens des revenus des salariés, et donc de la mobilisation des principaux acteurs du succès de l’entreprise, et des investissements que les sociétés n’ont plus les moyens d’engager pour s’étendre ou innover. Ces politiques affaiblissent donc les perspectives de profits futurs des entreprises. De ce fait, ces dividendes excessifs lèsent aussi les intérêts des investisseurs de long terme. Par nature, ils souhaitent en effet pouvoir placer durablement de l’argent dans le capital des entreprises et ont besoin que leurs affaires se développent correctement sur longue période. Comme les salariés concernés et les entreprises elles-mêmes, ils ont donc intérêt à une inversion de cette tendance dommageable.
C’est la raison pour laquelle l’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (Erafp), investisseur de long terme 100 % socialement responsable, a adopté des lignes directrices au sujet des dividendes en vue des assemblées générales des entreprises au capital desquelles il est présent. L’Erafp recommande un vote négatif sur les dividendes si l’une des conditions suivantes est constatée : la rémunération des actionnaires augmente sensiblement plus vite que celle des salariés ; le taux de distribution des dividendes est anormalement élevé en regard de la moyenne du secteur d’activité ; la capacité d’investissement de l’entreprise est mise en question ; si l’exercice est déficitaire, ou si le taux de distribution est anormalement élevé alors que l’entreprise a opéré des restructurations conduisant à des suppressions d’emplois ou des fermetures de site.
Sur les 40 entreprises que nous avons suivies prioritairement au printemps 2013, nous avons recommandé un vote négatif dans la moitié des cas. Nous ne pensions pas avoir si souvent à voter contre le dividende proposé par le management des entreprises. Dans un cas, nous avons voté en faveur d’une résolution déposée par un fonds d’épargne des salariés de l’entreprise, qui proposait un dividende inférieur de moitié à celui proposé par le management. Cette proposition raisonnable a malheureusement été rejetée par une très large majorité d’actionnaires.
Il est pourtant plus que temps de retrouver un niveau de dividendes responsable. L’Erafp n’y parviendra pas seul. L’État actionnaire et les autres investisseurs de long terme, caisses de retraite, assurances, mutuelles, pourraient s’engager eux aussi à ses côtés dans cette bataille en abandonnant la recherche court-termiste de dividendes excessifs qui dessert l’intérêt général.
Pour en savoir plus, on va sur le site du rafp.
Pour lire le texte original, on va sur le site d’Alternatives Economiques.
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