L’auteur invité est Christian Chavagneux, d’Alternatives Economiques.
Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, le FMI massacre les économistes, comme Jean Tirole, qui ne voyaient que du bon dans le fait que les banques se financent de plus en plus par l’endettement.
Pour se financer, une banque dispose des dépôts de ses clients, de son capital et d’emprunts de court et moyen terme. Au cours des dernières décennies, on a assisté à une déformation croissante du mode de financement des banques : de moins en moins de capital et de plus en plus d’emprunts. La réalité est cruelle pour quelques pointures économiques qui nous expliquaient alors doctement avant la crise que cette évolution allait dans le bon sens car les investisseurs prennent des décisions de manière « sophistiquée », c’est-à-dire en faisant attention à bien sélectionner les banques sérieuses. Cette littérature béate devant les soit disant bienfaits de la régulation par les marchés est désormais dénoncée par le FMI qui n’hésite pas à citer les auteurs qui s’en faisait les porte-paroles, de l’Américain Charles Calomiris au Français Jean Tirole et quelques autres qui se voient pointés du doigt.
En fait, expliquent les experts du FMI (page 113), quand des investisseurs prêtent de plus en plus à court terme à des banquiers, ils le font sans vraiment se préoccuper des risques qu’ils prennent car ils savent qu’ils peuvent arrêter leurs financements très rapidement au moindre bruit de mauvaises nouvelles.
Le financement des banques par le marché renforce également les liens entre acteurs financiers et donc les chaînes de contagion en cas de problème.
Cela renforce également les liens entre les problèmes d’actifs et les problèmes de passif des banques. Explications. Quand du côté des actifs, les placements d’une banque perdent de la valeur, ceux qui la financent perdent confiance et deviennent réticents à lui apporter leurs ressources. Comme elle a peu de capital pour éponger ses pertes, la banque est obligé de se débarrasser des actifs de qualité dont elles disposent pour se financer, ce qui entraîne une baisse des prix sur ces marchés d’actifs qui plongent… et accroissent encore les problèmes de financement de la banque !
Le FMI avance d’autres arguments plus techniques dans lesquels on n’entrera pas mais il en ressort deux messages extrêmement clairs :
- puisque les investisseurs qui prêtent aux banques sont contents de gagner beaucoup d’argent quand tout va bien, ils doivent supporter en partie les pertes quand tout va mal ;
- plus les banques ont de capital et moins elles recourent à l’emprunt et mieux c’est en termes de stabilité financière.
Pour lire le texte original, on va sur le blogue de l’auteur.
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