Un réseau dénommé Les Citoyens d’un Québec pour Tous vient de lancer une campagne de soutien à la ministre Martine Ouellet. Personnellement, j’appui totalement cette campagne qui vise à éviter que les lobbys des pétrolières et des minières, appuyées par les députés du PLQ et de la CAQ, puissent refaire avec elle le coup de salaud qu’ils ont fait avec Daniel Breton. N’en doutons pas, si Mme Ouellet avait eu quelques ‘cadavres dans placard’, ils auraient déjà été dévoilés par les magouilleurs de la presse pour salir sa réputation et fragiliser son pouvoir au ministère des Ressources naturelles.
Il faut aller lire l’argumentaire de ces partisans de la ministre qui expliquent, de façon claire et concise, les raisons pour lesquelles il y a urgence d’agir : « Rarement aura-t-on vu telle campagne. Le Parti libéral réclame le départ de Martine Ouellet avec véhémence, et avec la complicité de François Legault. Les entreprises minières veulent sa peau. Les lobbies n’ont pas l’habitude d’être confrontée à un ministre, femme de surcroît, qui a la connaissance technique et pratique de leurs coûts et de leurs marges de manœuvre réelle. Elle connait suffisamment le monde économique pour parler le langage des industriels et savoir précisément jusqu’où peut aller le bien commun québécois sans mettre en cause la croissance et l’investissement. »
De toute évidence, la ministre pourrait faire mieux. Dans le dossier des redevances, par exemple, elle a sûrement dû être confrontée à une haute administration publique très ‘proche’ du lobby des mines, puisque le résultat n’est vraiment pas à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Dans le domaine de l’exploitation des ressources pétrolières, rien n’indique que son rapport de force est assez fort pour empêcher que le pire (l’exploitation du pétrole de schiste à Anticosti) arrive, étant donné que ce gouvernement semble majoritairement vouloir en favoriser l’exploitation. Mais ce n’est sûrement pas avec le départ de la ministre que la situation peut s’améliorer, loin de là.
En ce qui concerne les travaux pour une nouvelle loi sur les mines, il semble qu’un certain consensus avait été établi autour d’un projet qui aurait permis de la moderniser sur des bases intéressantes et que même un accord était à portée de main entre la ministre Ouellet et l’Association minière québécoise concernant un mécanisme de développement de la seconde et troisième transformation au Québec. Mais le PLQ et la CAQ ont tué le projet à l’étape de l’adoption du principe, même si près de 80 % des articles présentés reprenaient ceux des projets de loi 14 et 79 de l’ancien gouvernement. Les partis d’opposition ne semblaient pas apprécier les nouveaux articles touchant la transformation, le pouvoir municipal et l’environnement. Les attaques de l’opposition à l’endroit de la ministre montrent clairement qu’un autre agenda a interféré dans ce débat : avoir la peau de la ministre.
Pourtant, si ce n’était de la ministre Ouellet, les 300 à 400 millions $ de production de la firme Diamants Stornoway (pendant 20 ans) serait totalement exporté en Europe sur le marché de la matière brut. La ministre travaille toujours à faire en sorte qu’une partie de la transformation des diamants se fasse au Québec, puisque le gouvernement y a investi directement par le biais d’Investissement Québec et par sa contribution élevée pour la construction de la route minière de Renard et dans la construction d’un aérodrome qui facilitera l’accès à la première mine de diamant du Québec. Le chef des opérations de la division québécoise de Stornoway, M. Godin, a été obligé récemment de préciser qu’il envisage l’idée de transformer les diamants bruts au Québec, ce qui permettrait de faire le montage de bijoux avec les diamants de catégorie joaillerie. Mais si le PQ est balayé du pouvoir aux prochaines élections, on peut être assuré que rien ne sera fait lorsque la mine entrera en production en 2016.
Mais outre les enjeux touchant la production et la transformation des ressources naturelles, l’autre mandat important de la ministre des Ressources naturelles est celui de l’énergie, de l’indépendance à l’efficacité énergétique. Dans ces domaines, la ministre n’a pas chômé. En fait on peu dire que le principal effort de la politique industrielle récemment dévoilée par la ministre Zakaïb a dans les faits été consenti par le ministère des Ressources naturelles (MRN) qui a lancé un nouveau programme, ÉcoPerformance, destiné aux entreprises désireuses d’améliorer leur bilan énergétique et environnemental. ÉcoPerformance offrira un soutien financier pouvant aller jusqu’à 50 % des dépenses admissibles pour la recherche et le développement, la démonstration, la précommercialisation et la diffusion de technologies émergentes en efficacité énergétique, ainsi que pour l’analyse du potentiel de réduction des émissions de GES en entreprises. La ministre a aussi annoncé récemment un investissement pour l’élargissement du programme Novoclimat 2.0 au volet Petit bâtiment multilogement ainsi qu’une bonification au volet Grand bâtiment multilogement. Ces deux nouveaux volets permettent enfin d’encourager la construction d’habitations multilogements à haute performance énergétique et de modifier les pratiques de construction afin d’y intégrer des mesures d’efficacité énergétique supérieures aux normes en vigueur. Ce sont au total 490 millions $ qui ont été annoncés pour soutenir quatre programmes en efficacité énergétique, soit ÉcoPerformance et Technoclimat (400 millions), Novoclimat 2.0 – Maison (25 millions) et Chauffez vert (65 millions).
Enfin, la ministre devra dévoiler en 2014 la politique énergétique du Québec, dans la foulée de la ‘Commission publique sur les enjeux énergétiques du Québec, de la réduction des gaz à effet de serre à l’indépendance énergétique du Québec’. Personnellement, j’aurais plutôt préférer que le Québec s’inspire du ‘Débat national sur la transition énergétique’ lancé en France par le gouvernement socialiste du président Hollande et de plusieurs autres initiatives du genre lancées ailleurs dans le monde. Le gouvernement aurait ainsi pu créer une ‘Commission nationale d’enquête’ constituée de représentants des grands acteurs politiques (national et local), économiques, sociaux (dont les environnementalistes) et scientifiques (en particulier des sciences de la nature) en lui donnant le mandat d’animer un ‘Débat national sur la transition énergétique’ avec l’objectif d’arriver à proposer à la population du Québec une feuille de route (Transition 2030) pour mettre ne œuvre un plan d’affranchissement du Québec de la dépendance aux énergies fossiles. La Commission publique a travaillé en vase clos, avec les intervenants habituels, laissant à la ministre (et à tout le jeu politique de pression des lobbys) le choix final, alors qu’avec une Commission nationale d’enquête la population aurait pu donner un ton beaucoup plus ferme, intransigeant face aux lobbys de toute sorte.
Dans tous les cas, il faut soutenir la ministre Ouellet face aux lobbys. Aller sur le site des Citoyens d’un Québec pour tous et faites circuler leur texte dans tous vos réseaux. On peut signifier votre accord par un commentaire sur le site ou en écrivant :
– à votre député (trouver son adresse courriel)
– à la Première ministre, Pauline Marois
– au premier fonctionnaire de l’État
Comme le disent les partisans de Mme Ouellet, « Les lobbies parlent. Les citoyens doivent parler plus fort ! »
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