L’auteure invitée est Sandrine Gineste (BPI Group), qui a notamment fait le point sur le développement des emplois verts en France dans une note destinée à l’European Employement Observatory (EEO).
Où en sont les emplois verts en France, en quoi la crise a-t-elle affecté le développement de l’économie verte tel que l’avait envisagé le Grenelle de l’environnement ? Etat des lieux et perspectives modestes, d’autant que le soutien financier est nécessaire.
On estime que les « green jobs » représentent près d’un million de personnes travaillant dans les secteurs des éco-activités (460 000 emplois) et activités périphériques favorables à la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles (530 000). Cela représente 3,7 % de l’emploi total. Il faut noter qu’en moyenne sur les six dernières années, la progression annuelle de création d’emplois verts a été de l’ordre de 3,4% quand l’emploi dans l’économie classique a progressé seulement de 0,5% par an. Si cette proportion a progressé au moins jusqu’en 2010, la crise a néanmoins affecté cette évolution positive sur 2011 et 2012, en raison du gel des mesures et décisions prises au moment du Grenelle de l’environnement et avec l’alternance politique.
Composition des emplois verts
Les emplois verts dans les éco-activités relèvent pour 53% des emplois de service (environ 515 000 personnes), pour 33% des emplois liés aux travaux publics et à la construction (environ 325 000) et enfin pour 14% des emplois de production (principalement dans les déchets et les énergies renouvelables, soit environ 150 000).
Les principales filières d’emplois verts au sens des éco activités sont constituées par le traitement des eaux usées, la gestion des déchets (respectivement 96 000 emplois chacun), suivi des énergies renouvelables (environ 51 000 emplois). Au sein des énergies renouvelables, les différents domaines n’ont pas eu, avec la crise, la même force créatrice d’emplois : la filière photovoltaïque fonctionne au ralenti tandis que le secteur de l’éolien est porté par les prévisions de construction de parcs éoliens off-shore. En effet les dernières décisions gouvernementales favorisent plutôt le secteur de l’éolien ainsi que celui de l’efficacité énergétique (rénovation thermique des bâtiments).
Il faut dire que le volume d’emplois verts reste encore faible au regard de notre voisin allemand, même si le potentiel de croissance est fort. Ainsi, en termes de perspectives, selon une étude de l’OFCE-Ademe, publiée en Juin 2013, le secteur des énergies renouvelables ambitionne la création de 150.000 emplois d’ici à 2020, bien que ces perspectives soient conditionnées à un soutien à la fois financier et réglementaire. Plus globalement, cette étude conclut que les créations d’emplois liées à la transition énergétique devraient se situer principalement dans la rénovation thermique des bâtiments et les énergies renouvelables, deux secteurs majeurs qui vont porter le développement de l’économie verte en France.
Pour accompagner le développement des emplois verts
A la suite du Grenelle de l’environnement, un grand plan national de mobilisation pour les emplois et les compétences dans l’économie verte avait été lancée fin 2009 autour de 11 comités de filières. Des propositions concrètes d’adaptation des systèmes de d’emploi et de formation ont émergé au cours de l’année 2011 dont on commence à percevoir les effets. On peut noter que Pôle Emploi se mobilise pour accompagner le mouvement (par exemple en multipliant par 3 le budget formation des demandeurs d’emploi consacré aux emplois verts), il a également conduit des reconversions de demandeurs d’emploi vers les métiers verts. De même, l’AFPA a revu ses référentiels de compétences ainsi que le Ministère de l’éducation nationale. Des expérimentations ont été mises en œuvre dans certains territoires visant à promouvoir les emplois verts, équiper les intermédiaires de l’emploi et les organismes de formation.
Enfin, et pour terminer, il faut noter que l’Observatoire National des Emplois et Métiers de l’économie verte a souhaité développer, pour évaluer le volume d’emplois verts, une approche complémentaire à celle par activités : il s’agit d’une approche par les professions en distinguant d’une part les professions vertes (ou métiers verts) qui sont des professions dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement (cela concerne environ 136 000 personnes), et d’autre part, les professions verdissantes qui recoupent des professions dont la finalité n’est pas environnementale, mais qui intègrent d’ores et déjà de nouvelles « briques de compétences » pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier. Plus de 3 610 000 personnes sont concernées par cette définition. Vu sous cet angle, les emplois verts et verdissants représentent un volume somme toute très important.
Pour lire le texte original, on va sur le site de Metis, correspondances européennes du travail.
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