L’auteure invitée est Danielle Kaisergruber, collaboratrice à Metis, correspondances européennes du travail.
Destinée à l’European Employement Observatory (EEO), une note de Nicola Duell et Tim Vetter (Economix Research and Consulting) fait le point sur le développement des emplois verts en Allemagne, pendant et après la crise. On considère que les « green jobs » y représentent 2 millions de personnes travaillant dans les secteurs de l’environnement et de sa protection, soit 4,8 % de l’emploi total. Cette proportion progresse régulièrement et la crise n’y a pas changé grand-chose. Elle était de 4,6% en 2006.
Les emplois verts sont pour une grande part des emplois de service (1,2 million de personnes), mais les emplois dans la production des énergies renouvelables sont également en nombre important. Au sens classique d’énergies alternatives aux énergies fossiles et au nucléaire. Le BIT dans une étude récente considère que l’Allemagne est parmi les cinq premiers pays dans le monde en termes de capacités de production d’énergies renouvelables : les nouveaux sous-secteurs du photovoltaïque, des éoliennes et de la production de biogaz comptent 381 000 emplois en 2011. Le ministère fédéral de l’Environnement considère bien sûr qu’il s’agit là de l’impact de la Loi sur les énergies renouvelables. Ces emplois sont particulièrement nombreux en Allemagne de l’Est, soit qu’il s’agisse du renouvellement d’installations anciennes, soit qu’il s’agisse des effets d’une politique d’aménagement du territoire volontariste.
Par ailleurs un important programme d’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments a contribué à maintenir de nombreux emplois (300 000 selon le BIT) dans le secteur de la construction, y compris durant la crise, il est vrai vite oubliée en Allemagne. Dès 2000, la décision d’abandonner le nucléaire et la décision de réduire la part du charbon (pas encore vraiment mise en œuvre) ont été accompagnées de nombreux programmes de développement des énergies vertes, généralement portés à la fois par le niveau fédéral et par les Länder qui ont leur propre politique énergétique et environnementale. Dans la période récente, on ressent une certaine focalisation sur la notion de « transition énergétique » avec une attention particulière à la sauvegarde des emplois durant cette période de turnaround. Plus que dans d’autres pays européens, la transition énergétique fait l’objet de discussions avec les organisations syndicales, en particulier sur les adaptations nécessaires en termes de compétences des salariés et sur les sous-secteurs spécialisés non couverts par les conventions collectives existantes. Les syndicats dans leur ensemble soutiennent les initiatives de transition énergétique ; IG Metal souligne volontiers le potentiel de nouveaux emplois que recèlent les énergies renouvelables. D’autant plus que la création d’emplois dans ce secteur a, dans certaines régions, compensé les pertes liées aux restructurations : la région de Brême, par exemple affectée par la fermeture de chantiers de construction navale, a vu la création d’un véritable « cluster éolien » avec recherches, ingénierie et services.
Le syndicat de la construction fait pression en faveur des programmes de rénovation des bâtiments industriels et de l’habitat, en sorte d’en améliorer l’efficacité énergétique. Les syndicats sont présents dans le pilotage des projets concrets ainsi que dans le Conseil du Développement Durable mis en place au niveau fédéral dès 2001. On pense généralement changement dans les modes de vie, les modes de consommation et donc vie quotidienne de tous les citoyens. Mais en fait les programmes allemands actuels sont très souvent tournés vers les entreprises de toute taille et concernent la recherche d’une meilleure utilisation des ressources par les industriels dans la production elle-même. Le programme bavarois « Green Factory Bavaria » par exemple met l’accent sur le développement d’usines « hybrides ».
Les green jobs demeurent très marqués par les caractéristiques de l’emploi dans le secteur de l’énergie et en ce sens ne sont nullement « alternatifs ». Ce sont des emplois masculins à temps plein pour 96% et d’un niveau d’éducation supérieur à la moyenne : 40% des salariés y sont diplômés de l’enseignement supérieur et 82% d’entre eux ont complété leur formation initiale par des spécialisations techniques.
On parle également beaucoup d’éco-mobilité, préoccupation que ne donnent pas à voir les très nombreuses grosses cylindrées circulant à très grande vitesse sur les autoroutes allemandes. Pas plus que les interventions de la Chancelière allemande pour défendre son industrie automobile, entrainant récemment le refus d’une diminution des normes de CO2 émises par les voitures. De nombreux programmes de formation à l’électronique, de plus en plus présente dans les véhicules, ont été développés dans l’industrie automobile.
Pour lire le texte original, on va sur le site de Metis, correspondances européennes du travail.
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