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Le samedi 23 avril 2022

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Crise et emploi : la part des femmes

participation-global1À l’occasion du 8 mars, la journée internationale des femmes, il est pertinent de faire le point sur la situation de l’égalité et de l’équité des droits pour les femmes dans un contexte de crise économique. Depuis quelques décennies, la situation a fortement évolué dans les pays développés, étant donné la place de plus en plus importante qu’y tiennent les secteurs des services et de la diminution conséquente des secteurs de la fabrication. Mais beaucoup reste à faire.

Selon un dossier réalisé par le site européen Metis, le nombre de femmes au travail dans le monde aurait atteint 1,2 milliard pour 1,8 milliard d’hommes. Étant donné la tertiarisation croissante de l’économie, le secteur des services serait devenu maintenant leur principal employeur, avec une augmentation de l’emploi féminin de près de 20 % en dix ans. Sur la base des données du FMI, les femmes exerçant une activité produisent environ 40 % du PIB dans les pays développés, mai si l’on tient compte de la valeur des travaux ménagers et de l’éducation des enfants, leur contribution au PIB dépasse nettement les 50 %.

Si au sein de l’Union européenne l’augmentation du chômage sur la dernière année touche relativement moins les femmes que les hommes (0,4 % contre 1,2 %), ce n’est pas le cas pour toutes les régions du monde. Le comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a exprimé d’ailleurs ses inquiétudes : « Alors que l’ampleur de la crise actuelle est encore difficile à mesurer, on s’attend à ce que les femmes et les jeunes filles des pays développés et en développement soient particulièrement affectées par les conséquences économiques et sociales potentielles, comme le chômage, la réduction des revenus…». Le comité demande aux États de ne pas réduire le financement des programmes destinés aux femmes et les exhorte à intégrer des femmes dans les discussions et processus de décisions, soulignant « la contribution unique qu’elles peuvent apporter pour résoudre la crise ».

Au Québec, la présidente du Conseil du statut de la femme, Mme Christiane Pelchat, a rendu publiques les attentes de l’organisme quant au budget du gouvernement du Québec dans un contexte de crise économique majeure. Le Conseil rappelle que le gouvernement s’est engagé, dans sa politique d’égalité entre les femmes et les hommes, à appliquer l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) à ses politiques publiques. Selon le Conseil, « l’ADS est une approche qui permet de s’interroger à l’avance sur les effets que peuvent avoir les décisions gouvernementales sur les femmes et sur les hommes ainsi que sur l’atteinte de l’égalité ». La situation de crise économique, et les mesures qui doivent être prises par les gouvernements pour y répondre, rend particulièrement opportun l’utilisation de tels outils permettant d’évaluer comment les différentes mesures budgétaires de l’État peuvent contribuer à diminuer ou aggraver l’écart économique entre les femmes et les hommes.

Comme le signale le Conseil du statut de la femme, la création d’emplois résultant des investissements dans « le béton » (les infrastructures de routes, de ponts ou d’immeubles) profite en majorité aux hommes puisque les femmes y sont absentes. Le Conseil propose que, pour favoriser l’égalité, les mesures de relance (crédits d’impôt à la R-D ou investissements dans les infrastructures routières) pourraient être assortis de l’obligation contractuelle de déposer un plan d’accès à l’égalité, comme c’est le cas actuellement pour les fournisseurs du gouvernement du Québec, en vertu de la Loi sur l’accès à l’égalité.

Mais le Conseil souhaite surtout que le gouvernement investisse massivement dans le capital humain et dans les infrastructures sociales. Nous ne pouvons qu’être d’accord avec la position du Conseil : investir dans la santé, les services sociaux et l’éducation a un impact direct sur la santé et la productivité des femmes et des hommes. Des études internationales démontrent que les déboursés dans les infrastructures sociales stimulent directement l’économie tout autant, sinon plus, que les investissements dans les ponts et les routes.

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