L’auteur invité, Julien Morel, est l’animateur du site Sequovia
Un renouveau annoncé pour les constructeurs automobiles
Il y a un an, au Mondial de Paris, les visages étaient blêmes. Les patrons de l’automobile, voyant se former le cyclone de la crise financière, ne cachaient pas leur inquiétude. La suite leur a donné raison : les ventes mondiales de voitures se sont effondrées (-16,5 % au premier semestre 2009) et les sources de financement se sont taries. Résultat, les constructeurs américains General Motors et Chrysler ont déposé leur bilan ; les français PSA Peugeot Citroën et Renault n’ont pu traverser la tourmente que grâce à un prêt public de 3 milliards d’euros chacun.
Après le Salon de Francfort qui a eu lieu la semaine dernière, l’horizon semble moins sombre. D’abord, parce que « les constructeurs peuvent à nouveau emprunter à des taux acceptables », expliquait la semaine dernière Carlos Ghosn, le PDG de Renault et de Nissan, au Figaro. Ensuite, parce qu’un point bas pourrait avoir été atteint sur plusieurs marchés, notamment aux États-Unis et dans les pays émergents. Pour l’Europe, le patron de Renault prévoit un début de reprise « fin 2010 ou début 2011 ».
Et il semble que ce soient aux voitures « propres » qu’incombe le rôle de sortir de la crise une industrie automobile qui a été bien malmenée ces derniers temps.
L’électrique se lance, et les Français semblent à la pointe
Au salon de Francfort, pas moins de sept grands constructeurs – Renault, Peugeot, Mercedes, BMW, Hyundai, Volkswagen et Toyota – ont affiché en grandes pompes leurs nouveaux véhicules électriques qu’ils lanceront bientôt sur le marché. […] Peugeot PSA a dévoilé le futur véhicule électrique de Peugeot, baptisé iOn.
De son côté, Renault, qui veut devenir le leader mondial du créneau, a présenté pas moins de quatre véhicules fonctionnant au courant : la Twizy Z.E, quadri-cycle de deux places ; Zoé, de la taille de la Clio, qui sera la voiture phare de sa gamme zéro émission ; Fluence, une berline (4 portes, 5 personnes) dont la production démarrera au premier semestre 2011 et sera vendue d’abord en Israël et enfin le Kangoo ZE pour les flottes d’entreprises.
« La crise a convaincu les constructeurs qu’il fallait accélérer dans l’électrique, en concentrant leurs investissements sur ce sujet », explique Sébastien Amichi, directeur des études pour la société de consultants Roland Berger.
L’électrique, tout beau tout propre ?
Dans ce climat d’apparente euphorie, France Nature Environnement publie un rapport moratoire pour calmer les ardeurs de ceux qui présenteraient la voiture électrique comme la solution-miracle. Voici l’état des lieux qu’elle a dressé dans son récent rapport.
Plus efficace. Le moteur électrique constitue une avancée technologique indéniable. Il permet en effet d’améliorer le rendement énergétique par rapport à un moteur thermique classique. L’introduction d’un moteur électrique avec batterie entraîne un rendement mécanique d’environ 90% quel que soit le régime auquel il travaille, contre environ 40% pour un moteur thermique. […]
Evitons les faux débats. Pour Michel Dubromel, responsable transports de FNE : « La question n’est pas d’être pour ou contre la voiture électrique ! La vraie question est de savoir où, quand et comment on pourrait utiliser intelligemment une voiture tout court, y compris électrique. Et pour nous la réponse est : pas n’importe où, pas n’importe quand et pas n’importe comment ! ». La voiture ne doit donc pas être présentée comme la solution unique à l’éco-mobilité, d’autres solutions beaucoup plus efficaces existent (cf. le dossier de Sequovia sur l’éco-mobilité).
[…]
L’électricité, une énergie « propre » ?
Si une voiture électrique n’émet pas directement de CO2, la production d’électricité, elle, est toujours source d’émissions de CO2. Et cela peut même conduire à des situations pires qu’avec un seul véhicule thermique, en fonction de la source d’énergie à l’origine de la production d’électricité. Au niveau mondial, plus de 40% de l’électricité provient de la combustion de charbon. Sans compter que de nombreux pays ont pour source principale d’énergie le charbon (Chine, Pologne, etc.). Source la plus abondante et la moins chère, elle n’en demeure pas moins la source d’énergie la plus polluante et émettrice de CO2.
Concernant plus précisément la France, avec son électricité à majorité nucléaire, la situation n’est pas loin de poser les mêmes problèmes. En effet, la recharge des voitures électriques se feraient vraisemblablement au même moment. Il s’agirait donc d’une demande d’électricité dite de pic. Les centrales nucléaires ne sont pas en capacité de répondre à ce type de demande et ce seraient alors les centrales au fioul et au charbon qui seraient activées.
La voiture propre : un mythe ?
Pour FNE, la priorité est de repenser l’usage de la voiture pour la remettre à sa place… Et sa place ne doit plus être au cœur de notre modèle économique et social. Céline Mesquida, chargée de mission Transport de FNE précise : « La voiture électrique est un objet de fantasme ! Malheureusement, elle pollue elle aussi. Non seulement la production d’électricité émet toujours du CO2 à un moment ou un autre mais la voiture soi disant propre suppose aussi des embouteillages, des routes et génère des déchets. L’urgence est donc de repenser l’usage de la voiture. »
Pour lire l’analyse complète de Julien Morel, allez sur le blogue Sequovia
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