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Le samedi 23 avril 2022

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Une commission d’enquête sur la construction est nécessaire

chantier_lourdDepuis quelques mois, au Québec, un scandale n’attend pas l’autre, dans le domaine de la construction ou au cœur de la vie politique municipale. Sans surprise, le gouvernement libéral rejette catégoriquement toutes idées de commission d’enquête proposées tant par l’opposition que par les personnes et les groupes préoccupés par cette situation de pourrissement de la vie politique. Le nouveau groupe d’enquêteurs est un pas nécessaire pour chercher à mener à bien des enquêtes de fonds sur des cas déjà connus, mais ne peut en aucune façon remplacer une vaste commission d’enquête pour faire la lumière sur l’ampleur d’un système de corruption économique et politique dans certains secteurs de la société québécoise.

Le ministre Jacques Dupuis refuse l’idée d’une commission d’enquête sous le prétexte qu’il s’écoulerait un certain temps avant que ses travaux ne débutent officiellement ! Raison de plus, selon le Parti Québécois, pour déclencher le processus sans plus tarder ! Mais l’histoire nous démontre plutôt l’absolue nécessité de tenir une commission publique en parallèle aux enquêtes policières. La commission Gomery a eu lieu en même temps qu’une enquête criminelle. Robert Bourassa avait mis sur pied les commissions d’enquête sur l’industrie de la construction (commission Cliche) et sur le crime organisé (CECO) en parallèle au travail des policiers. Ces commissions d’enquête ont été dévastatrices pour les partis au pouvoir. Et, comme le constate un collaborateur du site AmériQuébec.net, « Qu’il soit question du dossier des compteurs d’eau à la Ville de Montréal, des actions posées par les hommes d’affaires en construction ou de toute autre question du même genre et qui ne manquent pas de soulever des doutes eu égard à l’éthique, il est toujours possible d’y retrouver des acteurs qui financent le Parti libéral du Québec. Étrange, non ? »

Il faut que le Parti Québécois persiste à réclamer une enquête publique indépendante. En entrevue, le porte-parole du PQ en matière de Sécurité publique et député de Chambly, Bertrand St-Arnaud, a bien résumé les critiques formulées à l’égard du gouvernement : « Le grand nombre d’allégations révèle un système structuré impliquant le crime organisé. Il est temps de faire une réflexion de société sur la façon dont nous attribuons les contrats publics. Nous nous préoccupons du bien public et de la santé de nos institutions. Les modifications législatives sont un premier pas, mais en définitive, une commission d’enquête est la seule manière d’aller au fond des choses. »

Le député de Mercier, Amir Khadir, a lui aussi demandé qu’une commission d’enquête soit mise sur pied le plus rapidement possible. « Seule une commission d’enquête, couplée à une enquête policière, permettra de faire toute la lumière sur ces pratiques scandaleuses. Selon toutes les apparences, il s’agit là non pas de cas isolés, mais bien d’un système généralisé. Les contribuables québécois sont les dindons de la farce de ce système mafieux, eux qui doivent payer jusqu’à 37 % de plus pour chaque kilomètre de route. Les contribuables québécois méritent le respect, déjà qu’ils seront appelés à se serrer la ceinture à cause des multiples hausses de tarifs prévues par le gouvernement libéral. » Le député de Mercier estime avec raison que « le refus du ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis de mettre sur pied une commission d’enquête amène de l’eau au moulin de ceux qui pensent que le gouvernement a quelque chose à cacher dans toute cette histoire. »

Mais finalement le scandale n’est pas seulement celui des pots de vin et des affaires louches; c’est celui, insidieux, de citoyens obnubilés par leur minable petit compte de taxe ou d’impôt qui votent pour des partis politiques promettant de réduire les coûts, et les comptes de taxes, peu en importe le prix. Le résultat : l’État est en train de perdre la maîtrise de ses projets au profit de l’expertise privée. Les villes et certains ministères sous-traitent aux firmes privées, dont celles de génie-conseil, la conception, la planification et la mise en œuvre de projets d’intérêt public. Or, s’il y a un groupe social où le risque de malversations est élevé, c’est bien le secteur privé.

Il faut viser un juste équilibre entre le « tout au privé » et le « tout à l’État »; cet équilibre a carrément été rompu depuis l’arrivée des Libéraux au pouvoir. Parmi les solutions, il faut obligatoirement revaloriser le rôle de l’État, dans toutes ses dimensions (national, régional et municipal), redonner une place significative aux autres acteurs sociaux (syndical, coopératif, communautaire) et brasser la cage du monde des affaires en bottant le cul à ceux qui se croient tout permis, les amis du régime, et en donnant davantage de place aux entreprises engagées dans des pratiques plus socialement responsables.

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