Qu’est-ce qu’Hydro-Québec va faire dans cette galère ? Bien sûr, au premier coup d’oeil, tout ça semble positif, tant du point de vue économique qu’au point de vue environnemental. Les dirigeants d’Hydro-Québec (HQ) nous promettent un rendement de 10 % dès la première année ! Good deal ! De plus, puisque la sécurité énergétique du Nouveau-Brunswick serait dorénavant assurée à paritr d’une source à relativement bon marché, ça permet à Énergie NB de planifier la fermeture de centrales extrêmement polluantes et coûteuses.
Pourquoi alors être contre ? Parce que je n’ai pas confiance dans la direction actuelle d’HQ. Les dernières années ont amplement démontré que leurs évaluations sont déficientes. Dans plusieurs de leurs interventions (ou non interventions) récentes, la direction d’HQ déçoit : nous allons payer près de 2 milliards $ en pure perte au propriétaire de l’éléphant blanc de Bécancour ; le programme de l’implantation de parcs éoliens a continuellement fait l’objet de contestations de la part des communautés, parce qu’il semble avoir été conçu pour mettre cette ressource au service de l’entreprise privée plutôt qu’au service de la collectivité ; absence d’initiatives d’Hydro-Québec dans le domaine du transport durable, alors que c’est aujourd’hui que sont en train de se créer les avantages comparatifs qui feront la différence dans les dix ou vingt prochaines années, lorsqu’émergeront sur une vaste échelle les nouvelles technologies et créneaux d’excellence dans ce domaine.
Pourquoi alors faire confiance à Hydro-Québec dans ce dossier ? Lorsque, à Radio-Canada, j’entends le dirigeant d’une entreprise basée au Nouveau-Brunswick nous dire qu’il va sauver 6 millions $ par année avec cette entente, ça confirme mes craintes. Voulez-vous bien m’expliquer pourquoi donne-t-on aux entreprises de cette province exactement les mêmes avantages tarifaires, extrêmement avantageux, que ceux consentis aux entreprises québécoises ? Ça n’a aucun sens.
Par ailleurs, on peut défendre, sur le plan continental, les choix que nous faisons au Québec de gérer notre sécurité énergétique sur la base d’un monopole à propriété collective de l’une de nos plus importantes ressources naturelles. Mais lorsque nous commençons, comme veut le faire la direction d’HQ sur une base strictement commerciale, à prendre une position de monopole sur un marché concurrent, il me semble que nous nous préparons de bien mauvaises surprises. Nous nous plaçons en position de faiblesse face aux attaques et aux pressions des concurrents (dont le premier-ministre de Terre-Neuve) qui s’acharneront encore plus à vouloir briser le monopole d’HQ. Jean Charest s’en fout, je dirais même qu’il se réjouira de cette situation, lui qui est, parmi les adversaires du modèle québécois, sûrement le plus frustré d’entre eux puisqu’il a dû « défendre » le modèle pour rester au pouvoir.
Le Conseil du patronat du Québec salue cette décision de la direction d’HQ, en précisant : « D’autre part, l’entente entre le Québec et le Nouveau-Brunswick a comme avantage indirect de mettre en lumière le fait que les consommateurs québécois, et en particulier les consommateurs du secteur résidentiel, bénéficient actuellement de tarifs beaucoup plus bas que les consommateurs des marchés environnants. » Et pourquoi, pensez-vous, doit-on voir là un « avantage indirect », et surtout pour qui ? Le patronat évalue sûrement que c’est aux concurrents d’HQ que cette situation sera indirectement avantageuse, parce qu’ils pourront plus facilement contester le modèle québécois en exigeant un plus grand respect des règles du marché dans les marchés québécois et néo-brunswickois.
Dans ce contexte, je partage le point de vue de Louis-Gilles Francoeur dans son article du samedi 31 octobre. Pour être plus précis je devrais plutôt dire que je partage l’opinion de M. Francoeur selon laquelle il y a un manque de transparence inacceptable de la part d’HQ, parce que pour le reste de son article, j’avoue, d’une part, ne pas partager son analyse sur les tarifs de l’électricité au Québec et, d’autre part, de ne pas être capable de le suivre dans ses raisonnements pour le moins ésotériques dans lesquels il se perd. Mais ça, c’est un autre débat que je promets d’aborder bientôt sur mon blogue.
Quoiqu’il en soit, la direction d’HQ prend là une décision qui m’apparaît très aventureuse. Il faudrait rapidement envisager une commission parlementaire spéciale où HQ devra répondre aux nombreuses préoccupations des Québécois avant de s’engager définitivement dans cette aventure. Espérons que les Néo-Brunswickois, qui eux auront l’opportunité de se faire entendre sur cette transaction, se montreront plus réservés que leurs dirigeants et qu’ils voudront conserver la maîtrise de leur avenir énergétique. Car, en définitive, tous les avantages positifs d’un partenariat entre les deux provinces sont réalisables sans qu’ils se fassent par le biais d’une situation de monopole d’Hydro-Québec.
Pourquoi il faut virer Vandal:
http://www.mcn21.org/actualites/article/mcn21-exige-le-congediement
Manif:
Grand rassemblement devant Hydro-Québec
samedi 17 octobre 2009, par Vincent François
Organisé par MCN21 (Maîtres chez nous – 21e siècle)
se déroulera à Montréal
le samedi 21 novembre à 18 h 30
un grand rassemblement devant Hydro-Québec
Le point de départ sera le Square Dorchester (coin Peel et René-Lévesque) à 18 h 00.
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JCPomerleau