Juan-Luis Klein et Denis Harrison, deux professeurs de l’UQAM membres du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), nous proposent un ouvrage particulièrement à propos.
L’innovation sociale. Émergence et effets sur la transformation de la société (Presses de l’Université du Québec, 2009) met en effet de l’avant l’idée que la présence de technologies très innovatrices, peu importe le domaine où elles excellent, ne suffit pas à créer des sociétés dynamiques où les personnes peuvent s’épanouir et donner libre cours à leur potentiel créateur. Pour parvenir à ces résultats, il faut, simultanément, une transformation des règles sociales en vigueur permettant de repenser plus globalement les manières de faire. En somme, les révolutions technologiques passent nécessairement par des transformations sociales.
Une cinquantaine de chercheurs ont contribué à cette publication, ce qui lui permet d’aborder toutes les facettes de l’innovation sociale. Ils abordent évidemment la question sous l’angle théorique, mais l’avantage de la grande diversité d’approche qui caractérise cet ouvrage c’est aussi de nous donner plusieurs exemples concrets de l’émergence et de la diffusion d’innovations sociales. Ces exemples sont tirées d’expériences sectorielles et territoriales symptomatiques des changements en cours (services informatiques, régions en voie de revitalisation) et ce, tant au Québec qu’en Europe ou en Amérique latine.
C’est le propre de ce genre d’ouvrage de nous donner trop souvent une lecture éclatée, propice à nous amener dans toutes les directions, parfois contradictoires, et de nous laisser finalement sur notre faim. Heureusement, le livre de Klein et Harrison échappe à ce travers, grâce à ce qu’on pourrait appeler l’intelligence collective développée par le CRISES. Depuis la fin des années 1980, ce collectif de recherche (dont j’ai été membre pendant mes études à l’UQAM) a su développer une réflexion à tout point de vue exceptionnelle sur le thème de l’innovation sociale. Comme le dit Paul R. Bélanger, dans le dernier chapitre de l’ouvrage, le leitmotiv du CRISES a été de tourner le regard sur ce qui se construit plutôt que sur ce qui s’écroule. Grâce à une collaboration de chercheurs de provenances diverses (disciplinaires et territoriales) le CRISES a ainsi permis de développer une pensée riche, plurielle, de ce qui est en émergence, dont la somme (qui est évidemment plus que la simple addition des parties) se trouve dans ce volumineux bouquin. J’ai d’ailleurs apprécié qu’une des parties du livre permette justement de faire le point sur l’état d’avancement de la réflexion pour chacun des trois axes du CRISES : travail et emploi; conditions de vie; développement et territoire.
Il s’agit là d’un livre de référence qu’il faut avoir dans sa bibliothèque si on s’intéresse aux enjeux actuels de la transformation sociale. À consulter à petites doses, dans chacun des domaines abordés, il ouvre sur une réflexion en dehors des modes qui passent, pour mieux comprendre les processus multidimensionnels où se créent et se diffusent les innovations sociales.
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