L’an passé, la crise alimentaire provoquée en partie par une spéculation effrénée sur les produits agricoles, et la croissance dramatique des prix, a touché les populations les plus fragiles des pays en développement. Des émeutes ont éclatées dans une vingtaine de pays du Sud et les organismes de secours alimentaires ont été complètement dépassés par la hausse des coûts alors que leurs moyens financiers stagnent depuis quelques années. En 2007, l’aide à l’agriculture n’atteignait que 4% de l’aide au développement, son niveau le plus bas depuis des décennies.
C’est pourquoi, si on ne devait pas s’attendre à ce que le premier Sommet du G8 agricole en Italie (16 au 18 avril 2009) trouve des solutions durables sur le problème de la faim, on espérait qu’il représente au moins des solutions concrètes à des besoins urgents. A la veille de cette rencontre et à l’occasion de la journée internationale des luttes paysannes, le 17 avril, Oxfam France rappelait que le nombre de personnes souffrant de la faim continue d’augmenter dans le monde : près d’un milliard d’individus, dont les trois quarts sont des paysans, ne parviennent pas à manger à leur faim.
« La hausse des prix des produits alimentaires frappe de plein fouet le continent africain, en particulier les pays dépendant fortement des importations de produits alimentaires. Si les pays du G8 veulent lutter contre les causes de la crise, il est indispensable qu’ils écoutent les revendications des petits agriculteurs, et non uniquement les principaux producteurs alimentaires mondiaux. Or les premières victimes de la crise alimentaire sont absentes de ce sommet. Il est urgent que les pays du G8 respectent leurs engagements d’investir dans les petites agricultures et les productions locales et qu’ils revoient leurs politiques énergétiques et commerciales, qui sont en grande partie responsables de la crise actuelle » déclarait Jean-Denis Crola, d’Oxfam France – Agir ici.
Après cette rencontre, le représentant international d’Oxfam, Chris Leather, a déclaré que les ministres du G8 ont montré « une admission extraordinaire d’échec collectif. Le G8 a trahi le milliard de personnes affamées dans le monde« . Dans leur déclaration finale, les ministres du G8 (Etats-Unis, Russie, Allemagne, Japon, France, Canada, Grande-Bretagne et Italie) ont reconnu que l’objectif de diviser par deux le nombre de mal-nourris d’ici 2015, contenu dans la Déclaration du Millénaire, était « très loin » d’être atteint.
Les ministres ont donc soutenu que plus devait être fait pour accroître la quantité de la production agricole, mais sans objectifs précis. La déclaration finale est restée vague sur le problème de la spéculation. Ils ont aussi appelé les institutions internationales à « examiner la possibilité d’un système de stockage » sans parvenir à un compromis sur des solutions concrètes puisque certaines délégations, comme celle des Etats-Unis, voient d’un mauvais œil un excès de régulation.
Pourtant, comme le souligne avec justesse les dirigeants syndicaux depuis longtemps, la sécurité alimentaire, le problème chronique et croissant de la faim dans le monde, n’est pas lié à la seule disponibilité des aliments, mais principalement à leur accessibilité, y compris pour celles et ceux qui les produisent. Le rapport de la Confédération syndicale internationale intitulé « Un remède contre la faim : pourquoi le monde manque de nourriture », a démontré que le principal problème à l’heure actuelle n’est pas la disponibilité mais l’accessibilité de la nourriture. Le nombre de personnes souffrant de la faim sont souvent des travailleurs pauvres privés de leurs droits syndicaux fondamentaux et d’autres droits humains. Ces petits paysans ou travailleurs agricoles ne disposent par de moyens économiques et sociaux pour préserver des moyens de subsistance décents. Pour en arriver à des solutions durables, ces personnes doivent pouvoir disposer de revenus supérieurs, bénéficier de droits garantis et accéder de façon sûre à la nourriture et aux filets de sécurité sociale.
« En continuant de s’appuyer sur les mêmes structures et approches de marché décriées qui ont notamment été à l’origine de la crise alimentaire de l’année dernière, les ministres de l’Agriculture du G8 n’ont pas pris les mesures suffisantes pour empêcher qu’une nouvelle crise survienne dans un avenir proche », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.
Dans le contexte de la crise économique mondiale actuelle, il est temps pour la communauté internationale de voir à l’extension internationale d’un véritable système de droits et de programmes sociaux.
Discussion
Pas de commentaire pour “Les problèmes de la faim dans le monde : un G8 agricole décevant”