L’investissement responsable des acteurs privés c’est bien ; mais celle des acteurs publics, c’est mieux. La littérature sur la finance socialement responsable a malheureusement l’habitude, très anglo-saxonne, de ne s’intéresser qu’aux pratiques volontaires des acteurs privés, laissant ainsi dans l’ombre les pratiques financières des divers niveaux de gouvernement, sous le prétexte que la mission publique est, par définition, « socialement responsable ». Ce n’est pas tout à fait le cas.
Les organisations belges (flamande et wallone) Netwerk Vlaanderen et Réseau Financement Alternatif ont brisé ce mauvais moule en interrogeant les autorités fédérales, régionales, provinciales et communales de la Belgique sur leurs comportements en termes d’investissement. Pour eux, et là-dessus nous sommes entièrement d’accord, les pouvoirs publics doivent se positionner formellement sur ces questions et donner l’exemple. La mission sociale des organisations publiques est beaucoup trop étroite, elle laisse de la place pour davantage de prise en compte des critères ESG sans nuire à la mission sociale plus traditionnelle de l’État.
L’étude des organisations belges identifie quatre organismes régionaux et quatre fédéraux qui investissent leurs réserves de trésorerie selon des critères ESG. Au niveau fédéral, il s’agit du Fonds de l’Économie sociale et durable, de la Loterie Nationale, du Fonds de réduction du coût global de l’énergie (FRCE) et de la caisse de retraite du Sénat. Au niveau régional, elle couvre quatre fonds de la région flamande: le Fonds pour l’Avenir, le Fonds d’épargne flamand du secteur non-marchand / social à but lucratif, le Fonds flamand d’Assurance Soins et la Société flamande de participation. Enfin au niveau local, 6 % des communes belges (plus d’un quart des communes qui ont participé à l’enquête) dit placer de l’argent public dans des produits d’épargne ou de placement utilisant des critères ESG. Dans la plupart des cas, ces comptes sont ouverts à la Banque Triodos.
Les communes belges qui n’investissent pas de manière durable fournissent, selon l’étude, trois raisons principales de leur inaction dans ce domaine : elles ne connaissent pas de produits financiers durables (24 %), elles trouvent que l’information sur ces produits est insuffisante (21 %) et elles craignent que le rendement soit inférieur (20 %). Donc, d’une part il y a une faiblesse au niveau de la compréhension et de la sensibilisation des acteurs étatiques à la question de la finance responsable ; d’autre part il y a un problème de transparence et de « lisibilité » des produits de placement ou d’investissement responsable.
Mais avec la déconfiture récente des marchés financiers, la transparence des pratiques financières des acteurs publics a aussi été questionnée. Il est en effet apparu que des acteurs publics tels que le Fonds de l’Économie sociale et durable, avaient eux-mêmes investi dans des produits toxiques, malgré qu’ils sont classés parmi les financiers responsables, utilisant les critères ESG. Il y a tout lieu de poser des questions sur le caractère véritablement responsable du processus de choix de placement de ces institutions.
J’ajouterais qu’il faudrait poser les mêmes questions à la Caisse de dépôt et placement du Québec qui, malgré le fait qu’elle s’était également dotée d’une politique de placement responsable, a pris les risques irresponsables que l’on connaît maintenant.
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