L’auteur invité, Jean-Marc Fontan, est professeur de sociologie à l’UQAM, co-directeur de l’Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) en économie sociale et animateur du Blog de l’incubateur universitaire Parole d’excluEs
Nous les retrouvons dans les grandes écoles, dans les universités, dans les grandes banques et autres institutions financières, au sein de ministères et agences publiques. Ils sont partout… Ou presque, car ils ne sont pas dans les quartiers, ni avec les pauvres, ni auprès des démuniEs, ni dans les organisations qui travaillent à la base avec des excluEs.
Mais de qui parlons-nous ? Pas des travailleurEs sociaux. Certes non. Nous parlons des économistes. C’est-à-dire, des personnes ayant acquis de grandes connaissances et compétences dans le domaine de la science économique. Selon le Dictionnaire de la langue française, la science économique étudie les « activités de production, de distribution et de consommation des richesses, des biens dans une société ».
La science économique se penche donc sur la façon de produire la richesse, de la distribuer et de la consommer. Que font les économistes lorsque la richesse est produite en excluant des personnes de cette production ? Que font-ils lorsque la richesse est distribuée en excluant des personnes de cette distribution ? Que font-ils lorsque la richesse est consommée en excluant des populations de cette consommation ? Enfin, où sont-ils lorsque des citoyenNEs ont besoin d’eux pour initier à l’échelle locale de nouveaux processus de création de richesse collective ?
Ils sont absents. Tant les économistes dits libéraux que radicaux sont totalement absents. Ils ne sont pas présents auprès de personnes pauvres ou exclues qui agissent et qui luttent pour sortir de la misère. Il ne sont pas présents lorsque vient le temps de penser des modalités de production d’une richesse s’adressant aux personnes qui en sont privées. Ils ne sont pas présents pour penser une économie qui donnerait à tout un chacun la même place dans le processus de production, de distribution et de consommation de la richesse.
Nous invitons donc les économistes à faire acte de modestie, à descendre dans la rue pour se mettre à l’étude d’activités alternatives de production d’une richesse collective pour les pauvres. Nous les invitons à ne pas jouer dans la facilité en continuant d’être au service de ceux qui sont riches. N’en n’ont-ils pas déjà assez ? Pourquoi les aider à en faire plus ?
Bref, ils pourraient s’inspirer d’une phrase du serment d’Hippocrate : « Dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j’écarterai d’eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible ».
Tout un défi à relever. Nous les invitons à le faire…
Tiré du Blog de l’incubateur universitaire Parole D’excluEs
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