On s’offusque beaucoup, et à juste titre, de la corruption ambiante à l’administration de la Ville de Montréal. Les analystes, qui n’en manquent jamais une pour dévaloriser les fonctions politiques, soulignent amplement les impacts de cette corruption sur la vie publique, en frappant constamment sur le clou de des citoyens. Mais quand dénoncent-ils les impacts extrêmement négatifs de la corruption dans le privé ?
Selon le rapport mondial sur la corruption 2009 de l’ONG Transparency International (TI), consacré cette année à la corruption dans le secteur privé, la corruption mondiale coûte à la collectivité des milliards de dollars et entrave le chemin vers une croissance économique durable. Au cours des deux dernières années, les entreprises ont dû s’acquitter d’amendes qui leur ont coûté des milliards de dollars.
Il faut évidemment ajouter à ce coût financier direct de nombreux autres préjudices plus indirects, comme par exemple l’atteinte au moral des salariés et la perte de confiance des consommateurs et des partenaires commerciaux potentiels.
D’après les recherches effectuées dans le cadre du rapport, la moitié des cadres des grandes entreprises internationales interrogés ont estimé que la corruption entraînait une augmentation des coûts des projets d’au moins 10 %. Au final, ce sont les consommateurs qui en fait les frais : ils ont payé un surcoût de l’ordre de 300 milliards de dollars à près de 300 cartels privés internationaux découverts entre 1990 et 2005.
Daniel Lebègue, président de la section française de Transparency International, rappelle par ailleurs que « TI France aide les entreprises françaises à mieux prendre en compte les coûts et les risques liés à la fraude et à la corruption, ainsi qu’à mettre en place des dispositifs de prévention et de conformité. Mais notre association est également attentive à la concurrence déloyale que font parfois à nos entreprises des concurrents peu scrupuleux et des pays qui ne respectent pas leurs engagements internationaux. Nous dénonçons sans relâche ces manquements aux règles de droit international ».
Le rapport formule plusieurs recommandations, concernant notamment une meilleure transparence des activités des entreprises (et en particulier des efforts visant à lutter contre la corruption) et une plus grande responsabilité des marchés, des acteurs du marché et des institutions chargées de les réglementer. TI appelle donc les entreprises à agir contre la corruption avec détermination pour réduire les risques. Une condition essentielle pour assurer un développement économique durable.
Discussion
Pas de commentaire pour “La corruption et les entreprises”