Au mois d’octobre 2009, la récession au Canada en était à sa première année complète d’impact. Statistique Canada a dévoilé jeudi (le 12 novembre) les données complètes du bilan qu’on peut en tirer sur le plan de l’emploi.

En octobre 2008, l’emploi avait atteint un sommet inégalé au Canada; cinq mois plus tard, il s’était replié de 2,1 %. En comparaison, cinq mois après le début du repli des récessions de 1981 et en 1990, l’emploi n’avait fléchi, respectivement, que de 0,8 % et de 0,6 %. L’emploi a donc fléchi beaucoup plus vite au cours des premiers mois du repli économique actuel que durant les premiers mois des deux récessions précédentes.

Cependant, les niveaux d’emploi au cours des sept mois suivants du mouvement actuel de recul ont été relativement stables, alors que l’emploi avait poursuivi sa descente lors des périodes antérieures de déclin. En 1981-1982, les pertes d’emplois ont persisté pendant 17 mois et, en 1990-1991, pendant 11 mois. Pour cette dernière récession, notons toutefois que les 11 mois de baisse de l’emploi au début des années 1990 aient été suivis de six mois de croissance, mais que par la suite l’emploi avait connu une autre période de recul de sept mois.

Entre octobre 2008 et octobre 2009, l’emploi total a diminué de 400 000 ou de 2,3 %. Parmi les groupes les plus touchés par les pertes d’emplois durant cette période de 12 mois figurent les travailleurs des secteurs de la fabrication et de la construction, les jeunes, les bas salariés, les familles ayant de jeunes enfants ainsi que les immigrants récents au Canada faisant partie du principal groupe d’âge actif.

Puisqu’une image vaut dix milles mots, le graphique suivant résume la situation de l’emploi du secteur manufacturier au cours des dernières années :

Certains groupes ont été durement touchés par la contraction de l’économie. Il s’agit en particulier des employés du secteur privé, des jeunes, des travailleurs à faible salaire et des familles ayant des enfants. Mais de légères hausses de l’emploi ont été notées dans le groupe des 55 ans et plus. Entre octobre 2008 et octobre 2009, le nombre d’employés du secteur privé a diminué de 449 000, comparativement à une baisse de 55 000 chez les employés du secteur public. Pendant cette même période, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté de 104 000.

L’emploi chez les travailleurs touchant moins de 10 $ l’heure s’est replié de 24,8 %, soit la plus forte baisse enregistrée. Bien qu’il s’agisse de jeunes en majorité (18 à 24 ans), les travailleurs de 25 à 54 ans représentaient près du tiers de ces bas salariés. Par ailleurs, le nombre d’employés touchant 40 $ ou plus l’heure a augmenté au cours de cette période de 12 mois. Les pertes d’emplois chez les jeunes ont représenté une constante, dans le repli actuel comme lors des mouvements antérieurs de déclin. Au cours de la période de 12 mois, l’emploi dans le groupe des 15 à 24 ans a diminué de 10,5 % chez les jeunes hommes et de 6,9 % chez les jeunes femmes. En outre, le recul de l’emploi chez les jeunes a persisté tout au long de la période de 12 mois.

L’incidence du repli économique a aussi varié selon le type de famille. Les familles comptant des enfants ont été particulièrement touchées. Les mères seules ayant des enfants ont été durement touchées, l’emploi pour ce groupe ayant diminué de 6,8 %.

Entre octobre 2008 et octobre 2009, le travail à temps plein a perdu du terrain, et les emplois temporaires en ont gagné. L’emploi à temps plein s’est contracté de 2,2 %, soit plus que le repli de 1,6 % du travail à temps partiel. L’emploi chez les personnes travaillant 40 heures ou plus par semaine a fléchi de 4,6 %. Le nombre d’employés à temps plein ayant un horaire allégé (entre 30 et 34 heures) a augmenté. De plus, le nombre de personnes occupant un emploi permanent a diminué de 3,8 %, alors que celui des personnes occupant un emploi temporaire a augmenté de 0,7 %.

Bref, la récession à frappé durement de larges couches de la population. Si elle dure encore plusieurs mois, cette situation risque de devenir intolérable pour des dizaines de milliers de familles dont l’un des membres a perdu son emploi.