L’auteur invité est Nicolas P, économiste, l’un des animateurs du blogue REVERSUS
De grands espoirs reposent sur la conférence mondiale sur le climat qui se tiendra en décembre à Copenhague. Pourtant, si la lutte contre le réchauffement climatique est l’un des rares sujets à faire l’unanimité, l’après Kyoto intervient vraisemblablement trop tôt…
La recherche d’un consensus politique
Le problème de la lutte contre le changement climatique est lié aux décisions politiques qui hiérarchisent les priorités et déterminent la « fonction d’utilité collective ». Les divergences de vues apparaissent lorsque la question de la répartition des efforts entre les différents groupes de pays (les pays développés, émergents et en développement) est abordée. Heureusement, la grande majorité des pays est au moins d’accord sur un objectif global : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Toutefois, la définition de cette fonction d’utilité collective se révèle en pratique assez complexe. Si les pays industrialisés et développés (PID) sont jusqu’à maintenant les grands responsables des émissions de GES, ce sont les pays émergents qui en seront majoritairement responsables à l’avenir. Un accord global et équitable paraît donc difficilement envisageable pour le moment. La dernière manifestation de Greenpeace à Barcelone avait d’ailleurs pour but d’alerter l’opinion public face à cette situation de blocage.
Aujourd’hui, nos politiques multiplient les compromis afin de trouver un accord où tous les pays seraient parties prenantes. Mais il faudra pour cela prendre en compte les différentes causes d’émissions de GES : les PID et les pays émergents ont d’énormes efforts à fournir dans les domaines de l’industrie et des transports, les PED peuvent s’impliquer en s’engageant à limiter la déforestation (le Brésil en est un bon exemple). La France, par l’intermédiaire de Jean-Louis Borloo, défend quant à elle un « plan spécifique » baptisé Justice-Climat pour que « les pays industrialisés [...] se mobilisent afin de financer le développement des énergies renouvelables dans les pays les plus vulnérables ».
Les moyens économiques pour lutter contre le réchauffement climatique sont nombreux et présentent chacun des spécificités, le point crucial étant la nécessité d’organiser ces différents outils. Il existe par exemple un sérieux problème de coordination entre les États-Unis et l’UE. L’Europe, ayant déjà mis en place des structures pour lutter contre les émissions de CO2 lors du protocole de Kyoto, refuse de s’en séparer. Alors que l’administration américaine privilégierait quant à elle un nouveau système comme les « droits de douane verts » ou une taxe.
Il faut en outre éviter la multiplication des actions, qui représentent à chaque fois un coût supplémentaire difficilement amortissable. Il est important de concilier l’objectif global de réduction des émissions de GES avec les objectifs locaux de croissance économiques afin que les dispositifs soient efficaces et acceptés à la fois par les pays mais également par les agents privés.
La question du financement
Aujourd’hui, derrière les grands accords de principe, aucun chiffre n’est avancé. Si l’on prend le cas de l’Union Européenne, qui fait pourtant figure de modèle en raison de son degré d’implication, les 27 pays membres restent profondément divisés sur la question de la facture climatique. L’Europe est désormais dans une position attentiste et n’a pas voulu chiffrer le montant de sa contribution aux pays émergents. La question du financement met donc en péril le sommet. Même les pays les plus riches peinent à mettre la main à la poche.
Cela tient en particulier au contexte de crise économique actuel. Tous les pays cherchent à s’assurer de leurs perspectives de croissance avant de se lancer dans la réduction coûteuse des émissions de GES.
Cependant, la récente volonté des deux plus gros émetteurs mondiaux, la Chine et les États-Unis, de trouver de nouveaux relais de croissance dans le développement propre est un signal fort qui permettra peut être de sauver ce sommet. La mise en place d’un calendrier de lutte progressive pourrait être une solution alternative intéressante. Le second élément positif à relever concerne l’Inde, jusqu’alors très ferme et qui tente désormais d’assouplir sa position. Aucun pays ne souhaite en tout cas porter la responsabilité de l’échec de Copenhague.
Mais comme le faisait remarquer Claude Mandil lors de la dernière conférence du CGEMP (Centre de Géopolitique de l’Énergie et des Matières Premières), il vaut peut être mieux que l’accord soit reporté en 2010 et établi sur des bases solides plutôt que de signer un compromis bancal. La reproduction des erreurs de Kyoto serait en effet dramatique pour l’avenir de notre planète…
On trouve ce texte au complet, avec ses nombreux hyperliens, sur le site de REVERSUS
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