Les promoteurs des énergies à forte intensité carbone ne désespèrent pas : ils veulent continuer à exploiter cette ressource extrêmement polluante pour la planète peu en importe le prix. Heureusement, plus justement le prix sera élevé et plus ce qu’ils seront prêts dépenser pour poursuivre leur exploitation permettra d’en diminuer les émissions.
Si la technologie de captage et de séquestration (CCS) du CO2 est déconsidérée par tous les environnementalistes ce n’est pas tant pour l’impossibilité technique; c’est plutôt qu’elle est tellement dispendieuse, qu’il est impensable qu’elle soit économiquement viable à moyen terme. Donc, pour eux, il est clair que les promoteurs les plus fervents de cette solution technologique ne s’en servent que pour légitimé la poursuite de leurs affaires « as usuel ».
Ainsi, Siemens Energy vient de recevoir une commande, de la part d’une utilitaire étatsunienne, pour 4 gazéifieurs de 500 MW qui seront alimentés au charbon. Ces unités, qui pourront engloutir quotidiennement 2 000 tonnes de poudre de charbon chacune, seront destinées à alimenter une centrale électrique de type IGCC (Integrated Gas Combined Cycle) en Illinois.
La centrale, d’une puissance électrique de 700 MW, devrait être équipée d’une unité de CCS destinée à piéger au moins 50 % du CO2 produit. Selon le fournisseur, ce taux de captage amènerait le niveau de rejets de CO2 semblable à celui d’une centrale au gaz naturel. Mais rien n’est spécifié sur qui sera en charge de la réalisation de la partie CCS du projet, bien qu’il bénéficie d’une garantie de prêt de la part du DOE (ministère de l’énergie) étatsunien à hauteur de plus de 2,5 milliards $.
En Californie, c’est l’alliance entre le géant minier producteur de charbon, Rio-Tinto, et la pétrolière BP qui se lancent dans un projet commun où les « déchets » de l’un (les CO2) deviendront les ressources de l’autre. En effet, BP disposent d’une panoplie de technologies parmi lesquelles figure l’injection de dioxyde de carbone pour fluidifier le pétrole sous-terrain et le rendre ainsi extractible.
Leur entreprise conjointe leur a permis, à eux aussi, de recevoir une aide de 308 M $ de l’Administration fédérale pour un projet de centrale électrique de 250 MW alimentée au coke de pétrole dans le comté de Kern, réserve centenaire de pétrole en Californie. L’objectif prétendu est de capter 90 % du gaz carbonique, mais selon le spécialiste Raymond Bonnaterre, animateur du Blog Énergie, il n’est pas économiquement évident que les coûts de la production du projet permettent de développer un procédé compétitif par rapport à la simple combustion du gaz naturel.
Bref, l’industrie du charbon profite de la générosité de l’Administration Obama pour les énergies propres en vendant des projets en bonne partie fictifs de charbon « propre ».
On voit là une confirmation du fait qu’il ne s’agit pour le lobby du charbon que de profiter de l’aubaine financière constituée par les crédits publics alloués aux démonstrateur de la CCS,technologie dont les tares ont pu être décrites par la formule:
« trop risquée, trop chère, trop peu , trop tard ».
Ainsi sont différées les mesures urgentes d’économies énergétiques et confisquées les ressources qui devraient s’investir dans les véritables énergies propres.
Même si la CCS n’était pas un alibi manifeste, compte-tenu de la progression cataclysmique du dérèglement climatique au cours des dix dernières années et de son accélération prévisible lors des dix prochaines, due aux rétroactions « positives » que constituent la réduction de l’albédo des pôles et la libération de méthane liée à la fonte du permafrost, c’est se moquer que de promouvoir des « usines à gaz » prétendues opérationnelles à l’échéance 2020 voire 2030.