Les « bonnes » nouvelles : en raison de la récession mondiale, les émissions de CO2 ont baissé de 2,6 % dans la dernière année, la plus forte baisse en quarante ans; mais la vrai bonne nouvelle, c’est que l’Europe s’achemine vers l’atteinte, même le dépassement, de ses cibles de réduction d’émission de 8 % en 2012 par rapport à 1990. Les mauvaises nouvelles : les émissions de gaz à effet de serre se sont accrues de 38 % à l’échelle mondiale depuis 1990. Que s’est-il passé ? Malgré Kyoto, nombre des signataires (comme le Canada) n’ont pas respecté leurs engagements, pourtant modestes lorsque l’on compare avec ce qu’il faudra faire dans les prochaines années. Mais, surtout, le protocole n’a jamais eu le soutien des États-Unis, alors que la Chine détrônait, l’an dernier, ce dernier comme champion des émissions globales.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie un rapport alarmant (World Energy Outlook 2009) selon lequel le statu quo (scénario de référence) nous placerait sur une trajectoire dangereuse pour l’humanité. Mais l’AIE élabore aussi un scénario modifié, plus économe en énergie, qu’elle appelle Scénario 450, qui permettrait d’assurer que les teneurs en CO2 dans l’atmosphère ne dépasseront pas 450 ppm de manière à maintenir l’accroissement moyen de température de la planète aux environs de 2°C. Selon ce scénario, en 2020 les émissions de CO2 s’élèveraient à 30,7 milliards de tonnes, soit une réduction de 3,8 milliards de tonnes par rapport à celles du scénario de référence. Dans ce scénario, les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique représentent 2,5 milliards de tonnes, ce qui représente la plus grosse part de la réduction. Pour l’horizon 2030, l’efficacité énergétique continue d’être l’apport le plus important de la lutte au réchauffement.
L’autre contribution importante à la réduction des CO2 est représentée par les énergies renouvelables. Avec une équivalence de réduction de 680 millions tonnes pour 2020, elle loin en 2e place pour l’effort consenti. À l’horizon 2030, la contribution des énergies renouvelables est cependant quatre fois plus importante. Du côté des investissements nécessaires pour obtenir ces réductions, les estimations sont de l’ordre de 2 750 milliards $ à l’horizon 2020 et de près de 9 000 milliards $ à l’horizon 2030, dont les parts les plus importantes (90 %) sont assumées pour le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Mais ce qui choque dans ce scénario, ce sont les maigres 233 millions de tonnes de CO2 économisés par les gains de rendements dans les centrales électriques. Pour Raymond Bonnaterre, spécialiste des questions énergétiques, « ce chiffre n’est pas à la hauteur des 13 à 14 milliards de tonnes de CO2 largués annuellement dans l’azur par les centrales électriques à flamme. » L’examen des hypothèses de l’AIE montre en fait que, dans son scénario 450, la consommation de charbon poursuit sa croissance pour dépasser les 3,5 milliards de TEP entre 2013 et 2020 alors que la consommation de gaz naturel croît certes de façon mesurée, pour plafonner à 3 milliards de TEP vers les 2025.
Pourtant, on maîtrise de nombreuses technologies pour parvenir à des résultats beaucoup plus significatifs de ce côté. On connaît les outils économiques qu’il faut mettre en œuvre − normes, interdictions, taxes, permis… − pour amener les différents acteurs à changer de comportement. C’est la volonté politique qui manque pour obtenir des résultats plus convaincants. Et, comme le dit R. Bonnaterre, ce scénario tient compte de « la volonté de l’institution de ne pas vouloir prendre à rebrousse poil ses puissants sponsors que sont les États-Unis, l’Allemagne ou le Japon gros consommateurs de charbon. »
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