L’auteur invité, Jean-Marc Fontan, est professeur de sociologie à l’UQAM, co-directeur de l’Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) en économie sociale et animateur du Blog de l’incubateur universitaire Parole d’excluEs
Vous songez à un voyage de rêve, pourquoi ne pas faire de Fortaleza au Brésil votre prochaine destination ? Hôtels luxueux sur front de mer paradisiaque. Sans compter Beach Park pour vous lover dans la consommation d’activités ludiques diversifiées s’étendant sur près de vingt kilomètres ! Sans oublier la présence d’une culture vivante et dynamique, celle du Nord-Est brésilien, avec ses fêtes et sa musique envoutantes qui feront de ce séjour un moment inoubliable.
Ce paradis pour touristes du Nord et du Sud a signifié l’exil des populations qui vivaient au bord de mer. Au début des années 1970, développement oblige, une partie de ces populations a été relocalisée dans une favela située à une vingt kilomètres de Fortaleza : le Conjunto Palmeiras.
Être pauvre du produit de la mer est de beaucoup préférable au fait de se retrouver dans un territoire isolé délabré et dépourvu de tout service. Sans eau courante, ni électricité, sans aqueducs et sans transport public, Conjunto Palmeiras portait l’identité d’un territoire orphelin du développement ou extrême pauvreté, maladies et mortalités enfantines étaient le lot de ses habitants.
En quarante ans, la situation s’est grandement améliorée. Des leaders religieux et sociaux se sont impliqués. La population locale s’est mobilisée. Le parti des travailleurs (PT) a conquis la mairie de Fortaleza, permettant une meilleure écoute pour les questions sociales et l’intégration urbaine du favela comme quartier de Fortaleza en 2007.
L’urbanisation y est presque terminée. Elle fut rendue possible par des fonds provenant d’un projet de coopération internationale auquel était associé une démarche de réflexion sur l’aménagement anticipé.
De cette mobilisation sur le thème « Habiter l’inhabitable » est issue différents projets dont une initiative visant la création d’une monnaie sociale. Fort de cette dernière, une banque communautaire, Banco Palmas, est mise sur pied, laquelle met à la disposition de ses membres une carte de crédit communautaire. Ce système financier alternatif favorise l’émergence et le développement d’un commerce de proximité adapté aux besoins de la population locale (Banco Palmas_dani.pdf).
En quarante ans, le processus de prise en charge fondé sur une mobilisation collective fait en sorte que l’adversité initiale, dans tout le dénuement que représentait l’exil de 1970, a pu être convertie en un enrichissement collectif.
Tiré du Blog de l’incubateur universitaire Parole D’excluEs
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