Selon les données les plus récentes de l’Insee (l’Institut national qui produit les statistiques socioéconomiques en France), les écarts salariaux se creusent en France. En 2007, les 1 % de salariés les mieux rémunérés du secteur privé (soit 133 000 personnes ayant touché au moins 124 573 euros) ont gagné, en moyenne, un salaire brut de 215 600 euros. C’est près de sept fois plus que le salaire moyen de l’ensemble des salariés.
On trouve ces données dans le « Portrait social » publié par l’Insee il y a quelques semaines. Au cours des dix dernières années, l’écart entre les très hauts salaires, le 1% de salariés à temps complet les mieux payés du privé, et les autres, s’est accentué. Les « très hauts salaires » ont augmenté plus vite que les autres, pour représenter 6,8 % de la masse salariale, contre 5,5 % en 1996. Ils sont versés à 87 % à des hommes alors que le genre masculin ne représente que 55 % des salariés du privé. Par ailleurs, plus on s’élève dans la hiérarchie salariale, plus la proportion d’hommes s’accroît (55 % dans l’ensemble des salariés du privé, 65 % pour ceux à temps complet, 79 % pour les 10 % les mieux payés, 87 % pour les très hauts salaires.
Selon l’enquête, le salaire moyen des très hauts salariés est trois fois plus important que le salaire moyen des autres salariés du même décile (les 10% les mieux payés) et près de sept fois le salaire moyen de l’ensemble des salariés à temps complet du secteur privé (31 984 euros). Si ces très hauts salaires existent dans tous les secteurs d’activité, trois secteurs en concentrent plus de la moitié alors qu’ils représentent moins de 20 % du total de l’emploi privé: le conseil et l’assistance, les activités financières et le commerce de gros. Ces personnes sont essentiellement des cadres ou des dirigeants (95 %), notamment des cadres administratifs, des dirigeants salariés et des ingénieurs.
« Alors que le salaire brut médian des salariés du privé à temps complet a augmenté, en euros constants, au rythme annuel moyen de 0,65 % de 1996 à 2007, le dernier centile (le 1 % les mieux payés) a crû, lui, de 1,35 % », précise l’institut. Deux fois plus rapidement ! L’écart s’est accentué au cours de la période 1996-2007: les très hauts salaires ont gagné 8,5 fois le salaire médian en 2007, contre 6,6 fois en 1996, et percevaient 6,8 % de la masse salariale totale des temps complets, contre 5,5 % en 1996.
Chaque année, l’Insee dresse le « Portrait social » de la France dans toutes ses dimensions : démographie, éducation, santé, emplois… Mais pour son édition 2009, c’est le portrait d’une France en crise que dessine l’institut statistique. Des destructions d’emplois en masse, un pouvoir d’achat moyen qui stagne, des salaires qui ralentissent en raison de la baisse de la partie variable et d’un climat défavorable pour les employés lors des négociations salariales… Les dégâts sociaux de la crise sont multiples. Mais alors que la hausse du chômage n’est pas terminée, le tableau que dresse l’Insee est encore à l’état d’ébauche. « Il faudra du temps pour appréhender l’ensemble des conséquences sociales de la crise », prévient l’Institut statistique.
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