En France, on estime que le travail au noir représente l’équivalent de quatre pour cent de son PIB. Au Québec, les données gouvernementales de 2002 avancent exactement le même chiffre, les pertes fiscales s’élevant à 2,5 milliards de dollars, dont le tiers dans le seul secteur de la construction. Mais en France, où approchent les élections régionales, on semble n’avoir pas l’intention d’attendre qu’explose un autre scandale de corruption pour agir, nos cousins d’outre-Atlantique ayant déjà tout ce qu’il faut à se mettre sous la dent en la matière. Et le ministre du Travail Xavier Darcios fauche beaucoup plus large que la seule industrie de la construction : hôtellerie-restauration, services aux entreprises, spectacles, travail saisonnier et agriculture sont également dans son colimateur.
Parmi les mesures qu’il a annoncées le 26 novembre pour combattre ce qu’il appelle un « fléau » : la possibilité que l’État mettre la clé dans la porte des entreprises fautives, rien de moins; le travailleur « illégal » qui se fait virer, quant à lui, touchera une indemnité de six mois. Et l’on ajoutera 150 agents supplémentaires pour faire respecter les lois du travail et « récupérer 120 millions d’euros en redressements de cotisations » à la sécurité sociale et aux allocations famiales (URSSAF). Ha.
Au même moment où le ministre annonçait ces mesures, quelque 400 travailleurs immigrants sans-papiers manifestaient, exigeant la régularisation de leur statut pour justement ne plus être obligés, entre autres, de travailler au noir. Une autre manifestation sur les mêmes revendications a eu lieu le dimanche 29 novembre, rassemblant 2 700 personnes selon la police, 10 000 selon le Collectif Unis contre l’immigration jetable. Une grève d’environ 5 000 travailleurs aux prises avec cette inconfortable situation approche de sa septième semaine. Le ministre de l’Immigration Éric Besson, pour sa part, estime que « ce n’est pas au moment où l’emploi se détériore et où le taux de chômage des étrangers non-européens dépasse 26 % qu’il faut ouvrir nos portes à l’immigration clandestine. »
Des « étrangers non-européens », hein ? Parions que cela ne concerne en rien ces professionnels de la santé, qui sont pourtant des Québécois-pas-du-tout-européens.
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