Suite aux statistiques négatives des comptes nationaux du 1er trimestre de 2009, on peut dire que l’Europe est officiellement en récession. Mais avec la révision des données des trimestres précédents, on constate que certains pays, dont la France, en sont à leur troisième trimestre de croissance négative. Dans ce contexte, le mouvement syndical européen passe à l’offensive pour que les travailleurs ne soient pas les victimes passives de cette « crise de la dérégulation ».
À l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) 20 000 personnes provenant de plusieurs pays ont manifesté à Prague (qui détient le siège de la présidence tournante de la Communauté européenne) dans le cadre d’une série de manifestations organisées dans quatre capitales européennes. 20 000 personnes se sont déjà rassemblées à Madrid et au moins 40 000 à Bruxelles et à Berlin pour réclamer des mesures supplémentaires de protection de l’emploi et de justice sociale face à la crise. « Nous devons faire le maximum (…) pour empêcher que la crise économique soit utilisée contre ceux qui n’en sont pas responsables, à savoir les citoyens », a commenté Milan Stech, secrétaire général de la Confédération des syndicats tchèques.
C’est l’Allemagne, plongée dans sa plus profonde récession depuis 1945, qui est la plus frappée par cette crise, avec 300 000 emplois perdus depuis septembre 2008. Selon la fédération syndicale DGB, 100 000 personnes auraient participé à la manifestation qui a eu lieu à Berlin. On s’attend à ce que le PIB allemand se contracte de 6% cette année. À quatre mois des élections législatives, les syndicats allemands tentent d’obtenir du gouvernement de coalition des garanties sur l’emploi. « Nous sommes ici pour nous opposer au capitalisme financier international. Nous devons tout faire aujourd’hui pour protéger l’emploi », a dit le président du SPD, Franz Müntefering, qui s’est joint à la marche.
En Italie, c’est en avril que le le plus grand syndicat du pays, la CGIL, a commencé une série de manifestations à Rome contre la gestion de la crise économique par le gouvernement Berlusconi et pour réclamer davantage d’argent pour la création d’emplois. Les organisateurs ont fait état de 2,7 millions de manifestants. La CGIL estime que l’Italie comptera, en 2010, un million de chômeurs de plus qu’avant le début de la crise.
La Commission européenne anticipe un taux de chômage record de 11,5 % en 2010 dans la zone euro, ce qui ne s’est pas vu depuis l’après-guerre. On s’attend à une décroissance de 4 % cette année, ce qui aggraverait la situation sur le marché de l’emploi et les déficits publics. Selon un sondage réalisé par l’Ifop, pas moins de 66 % des Français estiment qu’il existe « un risque d’explosion sociale au cours des prochains mois ».
C’est interessant! Merci pour cet article, Gilles.
-Wadih