Le premier ministre Harper a annoncé qu’il se rendrait à Copenhague pendant la Conférence sur le climat. Lorsqu’on y pense bien, ce n’est peut-être pas une bonne chose qu’un autre représentant des pétrolières, d’un niveau si important, s’ajoutent ainsi aux nombreux autres qui seront là pour faire capoter les négociations.
Selon le Consortium international de journalisme d’enquête (ICIJ), Exxon et Peabody Coal dépensent des dizaines de millions pour bloquer les négociations de Copenhague. Or, comme le révèle Louis-Gilles Francoeur dans Le Devoir du 5 décembre, 1 570 lobbyistes payés par les pétrolières et les industriels influencent directement la politique canadienne sur la question des changements climatiques. Les « négationnistes » et les « sceptiques climatiques » ont leurs entrées au sein du gouvernement conservateur. Exxon a un accès direct avec le ministre Prentice (à l’environnement) et le premier ministre Harper. On peut donc s’attendre à ce que la officiels canadiens représentent les pétrolières plutôt que la population canadienne.
Nous ne sommes pas les seuls à le penser. Dans un article récent du grand quotidien britannique The Guardian, le journaliste George Monbiot dit du Canada qu’il est au climat, ce que le Japon est aux baleines. Autrement dit, un État voyou qui viole les traités internationaux qu’il a signés en camouflant ses gestes sous plusieurs épaisseurs de mauvaise foi. C’est en effet sous le gouvernement Harper que le Canada a annoncé, en 2006, qu’il abandonnait les objectifs qui lui étaient assignés dans le traité de Kyoto, dont le Canada est signataire. Aucun autre pays signataire n’a fait ça. Pour ce journaliste du Guardian, le Canada est en train de régresser, passant d’une économie diversifiée vers une économie dépendante des ressources primaires, le comparant même aux États-pétroliers corrompus !
Justement, en parlant d’États-pétroliers corrompus, l’excellent site Climate Progress dévoilait hier que l’Arabie Saoudite se joignait aux « négationnistes », en compagnie du Sénateur républicain Jim Inhofe, de Sarah Palin et d’autres, pour nier l’existence des changements climatiques. Prenant prétexte du fameux « scandale » des courriels volés à des scientifiques du climat, le représentant d’Arabie Saoudite à Copenhague aurait déclaré, en parlant de ces révélations, « that he expected it to derail the single biggest objective of the summit – to agree to limitations on greenhouse gas emissions » ! Ouille !
À titre d’information, il faut savoir que dans le dernier classement établi par le « Climate change performance Index », qui évalue les efforts de 60 nations dans la lutte aux changements climatiques, l’Arabie Saoudite se situait en 60e place…et le Canada en 59e. Que disait George Monbiot, déjà, à propos des États-pétroliers corrompus…
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