Le réchauffement, on l’a vu dans notre article d’hier, n’est pas une vision de l’esprit : c’est un fait qui se mesure dans le temps. Mais son impact matériel est encore plus évident. Cette semaine, nos blogues étatsuniens préférés ont mis en ligne deux études importantes qu’il me semble important de souligner pour clôturer cette première semaine de la Conférence de Copenhague.
Le premier nous vient de Joe Romm, animateur du site Climate Progress. Dans son post du 9 décembre, il fait état des prévisions concernant le problème de la migration climatique, c’est-à-dire des personnes qui seront déplacés de leur foyer en raison des désastres environnementaux découlant du réchauffement : élévation du niveau des mers, sécheresse, etc. Par exemple, les personnes qui sont installés dans les deltas (soit 500 millions de personnes) ou sur les littoraux des îles basses (40% de la population mondiale vivant près des côtes) souffriront fortement de l’élévation du niveau des océans. Devant des conditions climatiques catastrophiques ou même la disparition de leur lieu de vie, la seule solution qu’il reste à ces personnes sera l’exil.
Selon les prévisions des Nations Unies, la population de la planète devrait croître d’un tiers d’ici 2050 pour atteindre 9 milliards. Plus de 90 % de cette augmentation proviendra des pays en développement, potentiellement les plus affectés par le réchauffement. On estime que 200 millions de ces derniers deviendront des réfugiés climatiques.
Peu importe le fait que nous puissions atteindre ou non, globalement, les objectifs de diminuer sous le seuil de 1990 la concentration de carbone dans l’atmosphère, il est déjà admis que le niveau actuel de GES va entraîner des impacts majeurs. En Asie, par exemple, la diminution des ressources hydriques va affecter 1 milliard de personnes. Les rendements agricoles de régions entières (région andine en Amérique du Sud et plusieurs parties du continent africain) devraient diminuer de façon substantielle, jusqu’à 50 % dans certains territoires.
Les impacts environnementaux ne représentent qu’une partie des conséquences prévues au réchauffement. Selon John Podesta, du Center for American Progress (CAP), « Science only tells part of the story. The geopolitical consequences of climate change are determined by local political, social, and economic factors as much as by the magnitude of the climate shift itself. »
L’autre étude nous vient de Zachary Shahan, du site EcoWorldly. Cette étude (publiée dans le Proceedings of the National Academy of Sciences par Martin Vermeer du Helsinki University of Technology, en Finlande et Stefan Rahmstorf du Potsdam Institute for Climate Impact Research en Allemagne) s’intéresse plus spécifiquement aux prévisions de la hausse du niveau des océans sur la base des tendances actuelles. Elle soutient que le niveau de la mer pourrait augmenter de 75 à 190 centimètres d’ici 2100 si des changements ne sont pas apportés rapidement à notre modèle de développement.
« Since 1990 sea level has been rising at 3.4 millimetres per year, twice as fast as on average over the 20th Century, » nous dit Stefan Rahmstorf. Si l’augmentation suivait le même rythme, nous dit le scientifique, le niveau de la mer n’augmenterait que de 34 centimètres. Mais la croissance plus rapide que prévue du réchauffement ainsi que les effets imprévisibles du dépassement de 2oC d’augmentation des températures mèneraient à une élévation de plus en plus rapide du niveau des océans, ajoutant, “the data show us clearly: the warmer it gets, the faster sea level rises. If we want to prevent a galloping sea level rise, we should stop global warming as soon as possible. »
Selon les projections des auteurs, même en limitant la hausse de la température moyenne à 2oC, on devrait s’attendre à une hausse de 1 mètre du niveau de la mer, soit une hausse trois fois supérieures aux prévisions de 2007.
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