CESD-Oikos-989x90

Le samedi 23 avril 2022

Recherche:

Devenir journaliste pigiste ? Vraiment ?

etudiantsCertains disent que le métier de journaliste traverse une période sombre. S’il s’en trouve qui ne sont pas d’accord, c’est généralement pour renchérir : le métier de journaliste traverse une période TRÈS sombre. Cela se vérifie même dans les grands conglomérats aux reins solides comme Quebecor et Power Corporation, où l’on assiste à des assauts du patronat contre des conditions de travail patiemment acquises par leurs journalistes au cours des quatre dernières décennies, parfois au prix de longs et durs conflits.

Comment se surprendre que les conditions économiques de l’exercice du métier soient encore plus difficiles pour les journalistes pigistes qui, rappelons-le, n’ont toujours pas le droit de négocier collectivement leurs tarifs ? Des tarifs qui n’ont guère augmenté depuis 25 ans (VINGT-CINQ !), nous rappelle l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ-CSN).

L’AJIQ vient justement de recevoir les résultats d’un sondage réalisé le printemps dernier par la sociologue Martine d’Amours de l’Université Laval sur l’ensemble des conditions d’exercice du métier de journaliste à statut précaire, y compris les conditions professionnelles, mais aussi la question des revenus qu’ils en tirent.

Parmi les nombreux constats dont il est fait mention dans cette étude, soulignons les suivants :

• Trente-huit pour cent des journalistes indépendants qui ont répondu au sondage tirent moins de 30 000$ par année de leur art. En ajoutant leurs autres sources de revenus, pour les 18 % qui en ont une autre, leur moyenne de revenu annuel est de 34 000 $.

• Quatre-vingts pour cent d’entre eux sont rémunérés au feuillet (un feuillet = 1500 caractères, espaces compris). Près des trois quarts touchent moins de 100 $ le feuillet, qui est le tarif minimum que l’AJIQ considère comme acceptable. Un magazine comme celui de la CSN, par exemple, paye 150 $ le feuillet. Les Affaires, 70 $ le feuillet; La Gazette des femmes, entre 80 $ et 100 $; La Presse, entre 50 $ et 80 $, etc. Et un magazine qui porte bien son nom, Reflet de société : 50 $ le feuillet !

• Trente-huit pour cent comptent sur un donneur d’ouvrage principal et celui-ci fournit entre 50 et 74 pour cent des revenus de 68 pour cent des pigistes. Trente-quatre pour cent considèrent qu’ils travaillent moins qu’ils le souhaiteraient et 58 pour cent connaissent des périodes creuses fréquentes ou occasionnelles.

• Dans ces conditions, comment s’étonner que près de la moitié des répondants (45 %) a pensé quitter le journalisme, dans les deux tiers des cas à cause de la difficulté d’en faire un gagne-pain convenable ?

• Vingt-huit pour cent des répondants détiennent un diplôme collégial ou un certificat, 25 pour cent un diplôme universitaire de premier cycle, onze pour cent un diplôme de 2ème ou 3ème cycle, et trente-six pour cent n’ont aucun diplôme dans le domaine. Les deux tiers des répondants ont une formation universitaire (de 1er, 2ème ou 3ème cycle) dans un domaine autre que le journalisme.

Discussion

Commentaire pour “Devenir journaliste pigiste ? Vraiment ?”

  1. Je suis le directeur général de l’organisme et rédacteur en chef du magazine Reflet de Société.

    Steve Proulx avait fait un sondage auprès des journalistes pigistes pour connaître les taux payés pour chaque média. Il y a 2 ou 3 ans, un journaliste ayant été payé à 50$ le feuillet a répondu au sondage de M. Proulx, nous stigmatisant dans cette catégorie.

    Puisqu’on met un prix au travail réalisé chez nous, je me permet un droit de réplique. D’une part, je n’endosse pas la méthodologie qui est très alléatoire pour la recherche de résultats. D’autre part, notre magazine travaille très peu avec des pigistes, préférant travailler avec des journalistes temps plein. Et finalement, selon l’expérience du journaliste et le type d’affectation, les prix payés au feuillet peuvent passer d’un minimum à un maximum!

    Au plaisir,

    Raymond Viger
    http://www.refletdesociete.com
    http://www.cafegraffiti.net

    Écrit par Raymond Viger | décembre 18, 2009, 11 h 44 min

Commentaire

Inscrivez votre courriel ci-dessous pour recevoir le bulletin hebdomadaire:

Agenda Public

Un code est requis pour ajouter des evenements a l'agenda.
Appuyez sur "Obtenir un code" ci-dessous pour s'inscrire.

Si vous avez un code, inserez votre code ci-dessous:

Votre compte étant nouveau, s'il vous plait enregistrer vos informations:











Informations sur l'evenement a ajouter: