Tout indique qu’une entente politique sur le climat serait signée dans les prochaines heures entre les 110 dirigeants présents à Copenhague, mais que les termes d’un traité contraignant seraient finalisés plus tard, à la rencontre prévue à Mexico en novembre 2010. Selon Joe Romm, du site Climate Progress, assez bien branché chez les officiels étatsuniens, un compromis semble possible à atteindre entre les deux principaux responsables des émissions de GES : la Chine et les États-Unis.
L’entente pourrait se conclure grâce à des concessions de la Chine sur la question de la supervision des réductions de GES réalisées dans ce pays et à des engagements des États-Unis pour une participation financière significative à l’enveloppe globale de 100 milliards $ par année pour financer la lutte contre le réchauffement.
Arrivée jeudi à Copenhague, Hillary Clinton aurait lancé la première perche en annonçant une participation majeure à l’enveloppe de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour lutter contre le réchauffement dans les pays en développement, mais en précisant que « In the context of a strong accord in which all major economies pledge meaningful mitigation actions and provide full transparency as to those actions, the US is prepared to work with other countries towards a goal of mobilising $100bn a year to address the needs of developing countries. »
La Secrétaire d’État souligne bien que l’un des principaux points d’achoppement des négociations est le refus des grandes économies émergentes, en particulier de la Chine, d’accepter un mécanisme qui permettrait de vérifier et de contrôler les efforts mis en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sans concessions sur ce point, il est certain que l’opposition républicaine rallierait une majorité contre les projets législatifs de l’administration Obama sur le climat.
Dans la quête d’un compromis, les présidents français et brésiliens auraient pris le leadership d’un groupe de 26 pays, parmi lesquels on peut compter Angela Merkel, Gordon Brown et Hillary Clinton et des représentants au plus haut niveau des pays comme la Chine, l’Inde, l’Ethiopie, le Japon, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’Espagne, la Suède, le Danemark, le Soudan, la Corée du Sud, le Japon, le Bangladesh, l’Arabie saoudite et les Maldives.
Selon un officiel français, l’adoption d’une déclaration politique « chapeau » permettrait de faire l’économie d’un laborieux processus d’amendement. Elle reprend l’objectif d’une limitation du réchauffement du climat à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle d’ici 2050 et ce que cela implique en termes de réduction des émissions de CO2 et de la mise en place d’une aide massive aux pays les plus pauvres – 10 milliards de dollars par an en 2010-2012, puis 50 milliards de dollars par an d’ici 2015 et 100 milliards de dollars d’ici 2020.
Cependant, même si le document qui circule à la conférence signale que des actions doivent être prises pour éviter que la température s’élève de plus de 2°C, les spécialistes affirment qu’avec les engagements qui sont sur la table, on se trouve toujours avec un écart important en termes de réduction pour permettre d’atteindre cet objectif. Sans de nouveaux engagements, on se retrouverait en 2020 avec des émissions entre 1,9 et 4,2 gigatonnes au-dessus du niveau de 44 Gt, qui est celui nécessaire pour ne pas dépasser le 2°C. Il reste donc un effort à faire pour tordre le bras aux récalcitrants, comme au fossile en chef Stephen Harper, pour faire des efforts supplémentaires de réduction.
Le Président de la Bolivie, Evo Morales, a déclaré hier à la conférence : « Our objective is to save humanity and not just half of humanity. We are here to save Mother Earth. » C’est pour cette raison que les dirigeants doivent aller au-delà de leurs intérêts immédiats bien calculés, et prendre des décisions les amenant à prévoir et à diminuer les risques de plus long terme qui nous affecteront tous.
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