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Le samedi 23 avril 2022

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L’économie populaire, sociale et solidaire en Équateur : un premier coup d’oeil

L’auteur invité est Yves Vaillancourt, politologue, UQAM, LAREPPS, membre de l’équipe d’animation du GESQ

En juillet 2009, j’ai reçu une invitation à la fois étonnante, intéressante et intimidante. Cette invitation provenait de Diego Borja, ministre de la Coordination de la Politique Économique dans le gouvernement de Rafael Correa en Équateur. Elle avait trait à ma participation à un Séminaire international sur « les défis de l’économie sociale et solidaire en Amérique latine » qui, dans un premier temps, devait avoir lieu à Quito, les 20 et 21 août 2009. […]

Premières observations et questions

Il me reste maintenant à identifier succinctement quelques observations que je compte reprendre dans des écrits ultérieurs.

1. Sur le plan socioculturel et socioéconomique, l’Équateur se caractérise par une riche diversité, un grand pluralisme et une vitalité de ses mouvements sociaux.

2. Sur le plan politique, l’Équateur est connu à la fois pour son pluripartisme (une grande diversité de partis et de mouvements politiques de gauche, de centre et de droite). Ce pays est aussi reconnu pour son instabilité politique qui est illustrée par le fait que huit présidents se sont succédé au cours des 10 dernières années et que peu de présidents on réussi à mener à terme leur mandat. […]

Toutefois, pour le moment, je me contente de citer l’article 283 au complet [de la nouvelle Constitution de 2008, NDLR] en attirant l’attention sur le fait qu’il occupe une place centrale: « Le système économique est social et solidaire; il reconnaît l’être humain comme sujet et fin; il vise une relation dynamique et équilibrée entre société, État et marché, en harmonie avec la nature; il a pour objectif de garantir la production et la reproduction des conditions matérielles et immatérielles qui permettent le ‘ buen vivir’. Le système économique fait de la place à des formes d’organisation économique publique, privée, mixte, populaire et solidaire et d’autres que la Constitution identifie. L’économie populaire et solidaire sera régulée en accord avec la loi qui inclura les secteurs coopératifs, associatifs et communautaires.» Tout en me retenant pour ne pas me lancer dans une interprétation fine de cet article et d’autres complémentaires dans la Constitution et les textes gouvernementaux, j’attire l’attention sur les pistes suivantes :

• Le mot solidaire est utilisé pour qualifier l’ensemble du système économique et social à construire (axé sur le buen vivir) et non pas un secteur de l’économie. Il fait référence à des principes et valeurs (de solidarité, reproduction domestique, redistribution, échange, etc.) que la transformation profonde du système économique vise à actualiser.

• Les mots populaire, publique, privée, mixte, etc. identifient des formes d’organisation ou des secteurs de l’ensemble de l’économie. Chacune de ces composantes peut être plus ou moins solidaire. C’est ainsi qu’une partie de l’économie populaire, publique et même privée peut être qualifiée de solidaire tandis d’une autre partie peut être qualifiée de non solidaire.

• L’économie populaire retient une attention privilégiée dans la Constitution et les travaux du gouvernement Correa. En Équateur comme dans l’ensemble de l’Amérique latine, l’économie populaire constitue une composante importante de l’économie qui demeure souvent ignorée, discréditée et sous-conceptualisée. Le gouvernement Correa se propose de reconnaître l’économie populaire et de lui conférer un rôle important dans son projet de « révolution économique et citoyenne ». L’économie populaire renvoie aux micro-initiatives et micro-entreprises à portée économique développées par des personnes et des familles, principalement par des femmes. Elle représente 50% des emplois en Équateur. Elle renvoie entre autres à 1200 coopératives d’épargne et de crédit et à des milliers de caisses (« cajas ») d’épargne et de crédit (90% de femmes), à des banques communales. Elle contribue à la production de 60% de la production alimentaire orientée vers le marché intérieur. Elle renvoie aux milliers de petits artisans et commerçants qui vendent leurs productions et services dans les rues et les marchés. Elle renvoie à l’auto-construction et à l’auto-rénovation des maisons. Elle a trait au travail domestique non rémunéré effectué principalement par les femmes.

Cette économie populaire, est tantôt informelle et tantôt formelle; tantôt intégrée et tantôt non intégrée au marché; elle demeure largement associée au travail au noir. Or, en parlant fréquemment d’économie populaire et solidaire, la Constitution de 2008 ne veut pas suggérer que toute l’économie populaire est automatiquement solidaire. Au contraire, elle reconnaît qu’une partie de l’économie populaire est solidaire et que l’autre ne l’est pas. Surtout, elle veut attirer l’attention sur un travail social et économique qui doit être déployé pour que l’économie populaire, en se transformant, grâce entre autres à un soutien des pouvoirs publics, devienne en effet de plus en plus solidaire et, plus largement, contribue à l’essor d’un système économique et social davantage solidaire.

• Dans l’article 283 cité plus haut, il est question d’une loi et d’un institut. Ces mots font référence à une Loi sur l’économie populaire et solidaire présentement en préparation sous la responsabilité du Ministère de l’Inclusion économique et sociale (MIES) et à un Institut national de l’économie populaire et solidaire qui a été créé et qui est relié également au MIES.

• L’expression économie mixte utilisée dans l’article 283 est utilisée dans deux sens distincts dans la littérature constitutionnelle et gouvernementale en Équateur. Dans un sens plus micro, elle fait référence à des entreprises et à des projets qui sont à la fois privés et publics (des sortes de PPP entre autres). Dans un sens plus macro, elle est un synonyme du concept d’économie plurielle que nous utilisons dans les milieux québécois de l’économie sociale et solidaire pour préciser que le renforcement de l’économie sociale et solidaire (et de ses principes) n’appelle pas à la disparition du secteur privé et de l’économie de marché, mais une configuration nouvelle dans laquelle les économies privée et publique, tout autant que l’économie sociale et populaire, contribuent à l’avènement d’une économie et d’une société plus solidaires.

Conclusion

En terminant ce premier article, j’aimerais souligner que la position du gouvernement de Correa et de la Constitution de 2008, tout en étant globalement cohérente, demeure ouverte, indéfinie et en cheminement sur plusieurs points. C’est le cas par exemple en référence à une question telle la place du secteur privé dans le développement économique, notamment dans le domaine de l’exploitation des ressources naturelles.

C’est le cas aussi en référence à la thématique de l’économie populaire, sociale et solidaire qui donne prise à des interprétations différentes d’un texte gouvernemental à l’autre, voire d’un ministère à l’autre dans le même gouvernement en Équateur. C’est le cas aussi au sujet du « socialisme du XXIe siècle », une expression utilisée par Chavez et reprise par Correa et Morales. Cette formulation évocatrice et peu définie alimente des débats en Équateur, en Amérique latine et ailleurs. Elle est interprétée de diverses façons dans les milieux de gauche non seulement latinoaméricains, mais aussi européens et nordaméricains, comme j’ai pu le constater dans les discussions au séminaire sur les gauches en Amérique latine auquel j’ai assisté à Quito.

Personnellement, attendu mon implication dans la démarche concernant la social-démocratie à renouveler au Québec, j’ai amorcé une réflexion sur les ressemblances et différences entre le socialisme du XXIe siècle et la social-démocratie renouvelée. Je compte revenir sur ce sujet de discussion.

On peut lire le texte complet sur le site du Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ)

Discussion

2 commentaires pour “L’économie populaire, sociale et solidaire en Équateur : un premier coup d’oeil”

  1. Bonjour à tous,

    Un logement social doit:
    - être bon marché;
    - assurer la sécurité des habitants;
    - assurer leur bien-être;
    - être économe.

    Etre bon marché, c’est permettre à des personnes déshéritées de vivre décemment, mais c’est aussi, donner la possibilité à des jeunes couples d’entrer dans la vie active, sans se couvrir de dettes.
    Pourquoi une maison coûte 10 fois plus cher qu’une voiture, alors qu’elle revient 8000 fois moins cher à fabriquer?

    Assurer la sécurité des habitants, c’est leur fournir un toit qui ne risque pas de les écraser, mais c’est aussi leur fournir une protection efficace contre les incendies.
    Les séismes font, chaque année, des milliers de morts.
    Pourquoi ne construit-on pas des maisons indestructibles?
    Les incendies causent la mort et la destruction de biens.
    Pourquoi n’oblige-t-on pas les constructeurs de maisons à installer des têtes d’extinction, à la moindre surchauffe ou des alarmes à la détection de gaz dangereux?

    Assurer le bien-être des occupants, c’est leur fournir une habitation saine, à l’abri de l’humidité, de la chaleur et du froid.
    On entend fréquemment dire: l’hiver arrive, l’humidité rentre dans les maisons.
    L’humidité n’est pas une fatalité, c’est le résultat du contact entre des murs froids et un air intérieur plus chaud

    Etre économe consiste à fournir la chaleur nécessaire au chauffage de l’eau et des locaux en récupérant les calories que le soleil nous fournit gratuitement, suffisantes si une bonne isolation est installée.
    C’est aussi fournir une eau buvable à la place d’une eau potable dont l’utilisation dans les WC est plutôt ridicule.

    Fort de ces constats, j’ai conçu une maison indestructible, isolée à l’air immobile, meilleur isolant thermique actuel, qui:
    - garde la chaleur intérieure;
    - refoule la chaleur extérieure en été;
    - empêche la pénétration de l’humidité, pour le bien-être des occupants;
    - permet de capturer les calories solaires et de les redistribuer pour le chauffage de l’eau et des locaux.

    Une telle maison peut être construite en autoconstruction. Il suffit pour cela de traduire, en éléments techniques, son logement idéal, puis d’assembler ces éléments après les avoir fabriqué ou fait fabriquer selon ses compétences.

    Nous n’avons pas de pétrole mais les idées ne manquent pas, à nous de les appliquer en songeant aux erreurs du passé, afin de ne pas les refaire.

    Il me semble que vous vous attelez sérieusement au problème de l’habitat malsain, alors je suis en mesure d’apporter, grâce à l’utilisation d’air immobile allié à des films réfléchissants, une solution économique pour le combattre.
    Arrivé à l’âge de la retraite, en faisant le point sur les gaspillages énergétiques et financiers pour acquérir un hypothétique bien-être, il est bon de donner aux jeunes, des pistes, afin qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs et qu’ils mettent les avancées technologiques, ayant fait leurs preuves dans d’autres domaines, comme l’aéronautique ou l’agro-alimentaire, au service de leur bien-être.

    http://www.maison-econome.forumpro.fr

    Recevez mes encouragements et mes respectueuses salutations.

    Écrit par Willy FURTER | janvier 28, 2010, 4 h 41 min
  2. je suis tout a fait d’accord avec votre texte, je suis présentement a dessiner un modèle de maison unique qui sera construit en usine et en région elle devra tenir conte de tout les handicap de maladies d’ages etc.,nous devons bâtir avec les travailleurs pour les travailleurs.

    Écrit par Fernand Stuart | septembre 6, 2010, 19 h 45 min

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