Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Le TIAA-CREF, le fonds de pension géant (plus de 400 milliards $US) des enseignants et des chercheurs des Etats-Unis, a décidé de vendre toutes ses actions de quatre compagnies pour protester contre les liens d’affaires étroits qu’elles entretiennent avec le gouvernement du Soudan, responsable du génocide au Darfour. Ces quatre entreprises sont toutes asiatiques : PetroChina, CNPC Hong Kong, Oil and Natural Gas Corporation et Sinopec. Cette mesure ultime arrive après plusieurs années de démarches auprès des entreprises pour qu’elles changent leurs pratiques d’affaires dans ces pays. Devant l’absence de progrès dans leur démarche, l’an dernier le TIAA-CREF avait imposé un ultimatum de neuf mois pour que ces entreprises commencent à utiliser leur influence auprès du Gouvernement soudanais pour qu’il cesse le génocide ou qu’elles annoncent publiquement leur retrait du Soudan. Le TIAA-CREF détenait des actifs de 60 millions $ dans ces entreprises. Mais d’autre part, l’entreprise malaisienne Petronas a décidé de son côté d’utiliser son influence pour faire pression sur le gouvernement. Selon le chef exécutif du TIAA-CREF, Roger W. Ferguson, « Our decision to sell shares in these companies culminated a three-year effort to encourage them to end their ties to Sudan or attempt to end suffering there. We have not divested from Petronas, which has acknowledged our concerns and engaged in dialogue about how it might address them. »
Cette action fait partie d’une campagne regroupant plusieurs fonds de pension et fonds mutuels actifs dans la finance responsable contre le génocide au Darfour. Rappelons que, depuis 2003, on estime que 200 000 personnes seraient mortes du fait de ce conflit.
La finance responsable et les sables bitumineux
Des investisseurs institutionnels britanniques se sont joints au groupe de pression FairPensions pour questionner les pratiques controversées de la pétrolière Shell dans l’exploitation des sables bitumineux en Alberta. Plus de 140 fonds de pension, gestionnaires d’actifs et investisseurs privés, incluant le Co-operative Asset Management et le Unison Staff Pension Scheme, vont appuyer une résolution de FairPensions, à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle, appelant Shell à dévoiler les risques financiers qui sont associés à ses projets dans les sables bitumineux et des actions planifiées pour tenir compte de ces risques. Parmi ces risques, la résolution identifie la hausse prévisible du prix carbone, la régulation des émissions de CO2 et les risques légaux et de réputation qui pourraient découler des dommages environnementaux associés à ce type d’exploitation.
Ces actionnaires dénoncent la forte exposition de Shell à l’exploitation des sables bitumineux (30 % des réserves de Shell). Selon la Co-operative Asset Management, les entreprises qui ont des opérations dans ce secteur ont échoué à démontrer leur prudence financière, comme elles veulent bien l’entendre. Au contraire, la transformation des sables bitumineux en énergie implique l’émission de trois fois plus de CO2 que l’extraction conventionnelle. En plus, les entreprises du secteur font face à des poursuites légales majeures de la part des communautés autochtones riveraines. Ne pas en tenir compte est considérer comme de la gestion à courte vue.
L’assemblée générale va avoir lieu de 18 mai prochain.
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