Il faut saluer la décision du Québec d’appliquer les normes californiennes aux fabricants automobiles sur le plan des émissions de leur parc automobile. Mais le courage d’imposer de telles normes revient entièrement à la Californie, qui a sur son territoire de nombreuses installations de fabrication automobile. Contrairement à cet État, depuis le départ de GM du Québec le gouvernement québécois, comme la plupart des 14 autres États des États-Unis qui les ont adoptées, n’a pas à subir le chantage scandaleux de fabricants menaçants d’investir ailleurs. Pour le Québec, il s’agit là d’une décision relativement facile. Mais reconnaissons-lui quand même le mérite de se joindre à cette dynamique qui permet de renforcer les pressions pour une transformation du modèle de transport.
Louis-Gilles Francoeur signalait, dans Le Devoir du 16 janvier, les pressions contraires provenant de certains constructeurs automobiles ainsi que de concessionnaires québécois pour attaquer le nouveau règlement québécois. Lorsqu’on y pense bien, le capital politique que retire le gouvernement dans la foulée de cette décision est de loin supérieur aux coûts qu’elle peut représenter pour quelques concessionnaires automobiles qui, il faut l’admettre, n’ont pas la meilleure crédibilité dans l’opinion publique.
Mais je doute que les réactions des concessionnaires aient « …été à la hauteur de ce qu’on avait vu aux États-Unis quand la Californie a lancé son règlement sur le même sujet ». Je crois plutôt que nous n’avons pas idée, au Québec, de la hargne que peuvent avoir chez nos voisins les représentants de la « libre entreprise » lorsqu’ils décident de s’opposer à la réglementation étatique. Si on avait au Québec le même fanatisme du côté du patronat, les propos de Pierre Karl Péladeau auraient été beaucoup mieux reçus lors de la rencontre des décideurs de la semaine dernière. Par ailleurs, à l’exception de quelques concessionnaires de grosses bagnoles (les représentants de GM), ils sont plutôt à l’image des Québécois qui préfèrent les petites ou moyennes cylindrées.
Dans son article, Louis-Gilles Francoeur nous annonce que l’Agence québécoise d’efficacité énergétique, en consultation avec plusieurs ministères, étudie la possibilité de mettre en place un système de malus-bonus qui permettrait d’imposer une surtaxe ou une détaxe proportionnelle aux émissions des véhicules. Si cela s’avère, ce serait une excellente nouvelle. Comme le signale bien Francoeur, ce système pourrait éviter le contournement du règlement québécois en frappant encore plus durement ceux qui achètent de gros véhicules hors du Québec.
Pour conclure, laissons la parole à Louis-Gilles Francoeur : « Le nouveau règlement québécois impose dès cette année une norme de rejets moyens de 187 grammes de CO2 par kilomètre en 2010. Mais en Europe, l’an dernier, cette moyenne était déjà dépassée par Peugeot (142 gr), par Fiat (144 gr), qui va apparaître chez les concessionnaires Chrysler cette année, par Renault (147 gr), par Toyota (152 gr), par Honda (153 gr), par Mazda (173 gr), par Volkswagen (165 gr) et même par nos constructeurs nord-américains Ford (157 gr) et GM (162 gr). »
Finalement, cette réglementation représente une révolution bien tranquille du modèle de transport !
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