En fin de semaine dernière, quelques centaines de citoyens ont descendu dans la rue pour réclamer une commission publique pour faire la lumière sur le scandale de la construction. Après avoir pris connaissance de plusieurs pratiques douteuses dans l’industrie, dont l’existence de collusion dans l’octroi des contrats publics, on nous apprend maintenant qu’il existe un réseau de fausses factures à très grande échelle. Alors que ce même gouvernement, qui on ne sait pour quelles raisons, refuse de faire toute la lumière sur ces scandales de manière à pouvoir récupérer le bien public, il s’apprête d’un autre côté à hausser les tarifs en ces temps difficiles pour les finances publiques. Il y a un double déni de justice dans ces pratiques du gouvernement libéral.

Comme le souligne le député de Chambly et porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, Bertrand St-Arnaud, il est plus que temps que cessent toutes ces pratiques malhonnêtes qui privent l’État québécois de centaines de millions, voire de milliards, de dollars. Toutes les révélations qui ont été faites rendent la tenue d’une commission d’enquête sur l’industrie de la construction plus nécessaire que jamais.

« Or, pour ce faire, il est clair que les enquêtes policières ne sont pas et ne seront pas suffisantes. Seule une commission d’enquête publique permettra de démonter pièce par pièce ces systèmes organisés, d’aller vraiment au fond des choses et de mettre un terme de manière définitive à ces pratiques qui coûtent une fortune aux contribuables », a-t-il ajouté.

On ne fait pas face à des bandes criminelles qui arnaquent quelques propriétaires de bars. Il s’agit d’une fraude systémique élargie à l’ensemble d’une industrie, d’une des plus importantes par ailleurs, qui permet de drainer des milliards de $ de l’État vers le crime organisé et vers des milliers de personnes qui en « profitent ». Ce dernier mot est mis entre parenthèse parce que les travailleurs qui abusent ainsi du bien public en travaillant au noir n’en profitent pas vraiment, ils agissent contre leur propre intérêt en ne participant pas aux assurances sociales.

Le premier ministre Jean Charest semble vouloir cacher la vérité pour protéger les amis du régime ! Pour s’opposer ainsi à la volonté populaire, il ne peut qu’y avoir des vérités bien affreuses, à ne dévoilées sous aucun prétexte. Pourtant, parmi ceux qui se prononcent pour une commission d’enquête, on trouve le maire de Montréal, le maire de Québec, la mairesse de Longueuil, la Fédération des municipalités du Québec, l’Ordre des ingénieurs du Québec, l’Ordre des architectes du Québec, l’Association des policiers provinciaux du Québec, la Fraternité des policiers de Montréal, l’Association des procureurs de la couronne du Québec, etc. Il me semble qu’il ne serait pas exagéré de dire que nous sommes en présence d’un consensus large en faveur d’une commission d’enquête !

Le journaliste Vincent Marissal exprime bien ce que plusieurs pensent : de plus en plus de citoyens ont l’impression que le crime organisé flirte dangereusement avec les politiciens, que les chantiers publics coûtent systématiquement trop cher au Québec. Pire, ils ont l’impression que leur gouvernement cherche à cacher des choses en refusant obstinément d’instituer une enquête publique sur toute cette affaire. Au moins, dit-il, ces événements « auront fait ressortir le mauvais Jean Charest, celui qui n’écoute pas les Québécois, celui qui s’entête, qui ne supporte pas la critique et qui sombre dans l’arrogance ».