« Pourriez-vous vivre dans une municipalité où il n’y a aucun service, comme par exemple aucun dépanneur ni station service ? » demande Karina Marceau, animatrice de Kilomètre zéro diffusé sur les ondes de Télé-Québec, lors de l’émission du 25 janvier dernier. On y fait état de 152 villages québécois, qualifiés de dévitalisés, en lutte pour leur survie. Les principaux symptômes de ces milieux mal en point sont un bas niveau des revenus familiaux, une migration des jeunes vers les centres, une population vieillissante, un taux de chômage presque trois fois supérieur à la moyenne québécoise et la perte des services de proximité. Plusieurs régions périphériques sont ainsi affectées, mais ce sont la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent qui seraient les plus touchées. Que faire de ces municipalités? On se rappellera qu’au milieu des années 60, le gouvernement, suite aux recommandations du Bureau d’aménagement de l’est du Québec (BAEQ), avait tout simplement suggéré la fermeture des municipalités en difficulté. Ceci avait soulevé l’ire des communautés locales de l’époque. Apprenant de ses erreurs, le gouvernement provincial investissait en 2008 50 millions de dollars pour tenter d’aider ces municipalités.
Le village de Grosses Roches en Gaspésie, une des trois municipalités dont le reportage fait mention, a bénéficié de ces enveloppes d’argent. Maxime Tremblay, agent de développement rural, accompagne le village dans la mise en branle d’initiatives locales pouvant redonner un nouveau souffle à la municipalité la plus dévitalisée du Québec. M. Tremblay rappelle l’importance de la cohésion sociale, l’importance de milieux où l’échange entre les membres d’une communauté peut s’effectuer comme facteur de dynamisme; « le premier défi c’est la mobilisation des communautés » explique ce dernier. Tout comme les 150 autres agents de développement ruraux québécois, il parcourt le territoire pour aider les communautés à se prendre en main en apportant de l’aide technique et en proposant des sources de financement. Deux projets virent ainsi le jour à Grosses Roches, soit l’aménagement d’une halte routière touristique ainsi que la mise en valeur de la cour d’école de la municipalité.
Le gouvernement n’est pas seul à pouvoir ramener le dynamisme dans les villages. À Sainte-Angèle-de Prémont, en Mauricie, les initiatives de revitalisation viennent du privé. Marc Lessard, un entrepreneur de la région, y a déjà investi 300 000 $ dans la mise en place d’un projet d’écotourisme et d’agriculture. Il espère pouvoir amener de l’emploi dans la municipalité qui a perdu beaucoup de ses services. Le projet semble même redonner espoir aux habitants de la place qui ont toujours en eux un sentiment d’appartenance fort vis-à-vis de leur territoire : « on tient à notre coin » comme le dit M. Lessard.
Le troisième village qui nous est présenté dans l’émission propose une autre voie d’action. Saint-Édouard de Lobinière a réussi, par l’engagement citoyen et la création d’une coopérative, à remettre en fonction un restaurant, un dépanneur et une station service. La coopérative qui gère ces trois lieux emploie de façon permanente de 15 à 20 personnes. Cette coop compte 385 membres sur une population locale d’environ 1200 habitants. Selon Hélène Simard, la présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, « pour remettre en place un cercle généreux de vitalisation, ça prend un leadership ». Ce leadership peut venir du monde municipal mais également des citoyens eux-mêmes. « Pensons de façon proactive plutôt que de façon réactive » conclue Madame Simard.
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