L’auteur invité est Pierre Fortin, avocat, Québec
Réponse à M. Guy Taillefer
La visibilité croissante accordée à l’organisme Reporters Sans Frontière (organisme financé, de son propre aveu, par des associations américaines anti-castristes – voir wikipédia et « Pourquoi RSF s’acharne sur Cuba. » Lanctôt Éditeur) n’est sans doute pas étrangère à ce qu’il soit impossible de trouver un reportage ou une chronique positive, ou au moins nuancée, sur Cuba. Tous les produits de presse, de radio et de télévision concernant Cuba donnent l’impression d’avoir un auteur commun, armé du dictionnaire des synonymes et antonymes. Et le dernier « clonage » de M. Guy Taillefer, paru dans Le Devoir du 31 décembre 2008, ne sort pas du rang.
Sur les 1000 mots environ que contient le papier de M. Taillefer, 9 mots seulement sont consacrés aux « indéniables succès sociaux cubains en santé et en éducation »… ce sont les seuls. Pour le reste, il ne s’agit que d’une régurgitation de clichés sans nuance, dépourvue de tout esprit critique, du même niveau que les chroniques de Nathalie Elgrably, de l’Institut Économique de Montréal, dans les populaires Journal de Montréal et Journal de Québec. Une honte pour Le Devoir, s’affichant comme « journal de fond ».
Ici, point de propagande, mais uniquement des faits : Avant le 1er janvier 1959, à 100 kilomètres de l’île de Cuba, existait aussi en Haïti une dictature sanglante, celle de François Duvalier. 50 ans plus tard, l’annuaire géopolitique annuel « L’État du Monde » nous décrit la situation des deux pays par des statistiques portant sur les « indicateurs du développement humain » reconnus par l’O.N.U. : Nombre de médecins : 5,18 pour 1000 habitants à Cuba, 0,16 en Haïti (2,10 au Canada) ; mortalité infantile : 7,3 pour 1000 habitants à Cuba… 63,2 en Haïti ; espérance de vie : 76,7 ans à Cuba… 49,5 ans en Haïti ; analphabétisme : 2,8% à Cuba… 45,2% en Haïti ; scolarisation de 3ème degré : 27% à Cuba… 1.2% en Haïti. Cela eut-il valu quelques mots de plus dans Le Devoir ?
Rien dans ce qui précède ne requiert une compétence journalistique ou un effort de recherche particulier. Haïti demeure depuis 50 ans l’un des pays les plus pauvres de la planète et les haïtiens « les misérables » des deux Amériques. Cuba a créé et maintient de hauts standards de civilisation quant aux besoins fondamentaux de ses citoyens, malgré l’embargo américain, la désertion de la Russie, les catastrophes naturelles régionales et la propagande contre-révolutionnaire. De 1963 à la fin de 2005, plus de 100 000 médecins et techniciens de la santé sont intervenu dans 97 pays, surtout en Afrique et en Amérique latine (Le Monde Diplomatique, août 2006). Et le complexe hospitalier de Tarara, près de La Havane, créé en 1984 pour accueillir les enfants malades de Tchernobyl et environs, demeure toujours actif.
De mon propre cru, je ne dirai que ceci : Depuis la Révolution Française, il devrait être reconnu comme une loi historique que toute révolution menacée se radicalise. Que l’on cesse de s’acharner sur Cuba et toutes libertés y apparaîtront « naturellement », et avec un peu de temps. Les américains, quant à eux, n’accepteront jamais qu’une économie de type socialiste se développe avec succès à 200 kilomètres de sa frontière. Que risquons-nous en cessant d’ostraciser Cuba ? Qu’avons-nous gagné en intégrant la Chine à l’O.M.C et en lui donnant les Jeux Olympiques sans confession ? Le quart de l’humanité forme maintenant le premier pays où le libéralisme économique n’ait pas évolué en parallèle avec le libéralisme intellectuel et politique; beau progrès !
Il n’y a jamais eu de révolution en Haïti. Depuis la fuite de Jean-François Duvalier, le fils de l’autre, en 1984, les seuls mouvements concertés en faveur d’Haïti ne sont que de belles promesses survenant lors des coups d’état et des changements de régimes, car la Planète a tellement peur qu’un gouvernement « socialiste » s’y installe… Hey M. Taillefer! La révolution quossa donne ?
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