L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) constate que le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec, qui ont été rendu public la semaine dernière, sont loin de satisfaire aux engagements québécois pris en référence au Protocole de Kyoto. Le Québec aurait en effet connu une augmentation de 3,7 % des émissions de 2006 à 2007.
Pour respecter Kyoto, explique André Bélisle président de l’AQLPA, « il fallait dès 2008 atteindre – 6% de nos émissions de GES par rapport à ce qu’elles étaient en 1990 et maintenir ce – 6% à chaque année de 2008 à 2012. Malheureusement, au rythme actuel, il semble que ce ne sera qu’en 2012 qu’on puisse atteindre l’objectif global fixé pour 2008-2012. » Si le Québec veut rester crédible concernant ses objectifs de diminution de – 20% en 2020 par rapport à 1990, il devra prendre dès maintenant des mesures exceptionnelles. Dans un tel contexte, c’est principalement dans le secteur des transports que le gouvernement devra porter ses efforts.
Croissance du parc automobile
Selon l’AQLPA, l’augmentation observée des émissions de GES entre 1990 et 2007 au Québec est principalement attribuable au secteur du transport avec un accroissement de 29,3 %. Les chiffres de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) confirment ce constat par une statistique imparable : le parc automobile québécois s’est accru de 1 million de véhicules légers entre 1997 et 2007, passant de 4 millions à 5 millions de véhicules. Ainsi, malgré une amélioration de la consommation d’essence des automobiles, la croissance en 10 ans seulement de 25 % du nombre de véhicules ne peut que conduire à des émissions absolues plus importantes.
Il est donc urgent, de l’avis de l’AQLPA, que la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec maintienne le cap comme prévu et mettre en vigueur les normes californiennes en matière d’émissions de GES des véhicules automobiles. « Le gouvernement devra aussi agir de manière résolue pour freiner la croissance du parc automobile et faciliter le transfert vers des modes de transport durables » indique André Bélisle, « il aura une bonne occasion lors du prochain budget où il devrait augmenter substantiellement le budget alloué aux transports collectifs qui était, en 2009, d’à peine 2 milliards $ contre 15 milliards $ pour le réseau routier. Le gouvernement devrait donc rééquilibrer ses investissements et offrir une part plus équitable pour les transports collectifs urbains et interurbains. »
Le président de l’AQLPA est également préoccupé par l’augmentation importante de l’exploration gazière et pétrolière. L’AQLPA rappelle que pas moins de 600 permis d’exploration ont été émis par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) pour la production de gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. Or, cette méthode de production serait particulièrement néfaste pour l’environnement.
« Pour éviter les erreurs du passé, il faut absolument que le gouvernement du Québec décrète un moratoire immédiat sur l’émission de permis de production de gaz de schiste et lance une audience générique sur l’ensemble de la question de la production et de l’utilisation des gaz de schiste. »
L’AQLPA s’inquiète d’une éventuelle exploration des hydrocarbures au Québec, exploration qui pourrait s’avérer catastrophique pour l’environnement au moment où le Québec devrait se doter d’un plan pour s’affranchir de sa dépendance aux combustibles fossiles.
Discussion
Pas de commentaire pour “Bilan des émissions de GES : Québec doit s’attaquer au transport”