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Le samedi 23 avril 2022

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Finançons une économie réellement au service des personnes !

L’auteur invité est Paul Ouellet, coordonnateur général de la Caisse d’économie solidaire Desjardins

Nous sortons à peine de la récession. Comment allons-nous sortir du modèle de développement qui a provoqué cette crise ? Y travailler exige forcément d’envisager l’utilisation d’outils qui vont nous donner prise sur l’économie.

Le Québec que nous voulons

En pleine récession, les dirigeants des 100 plus grandes entreprises canadiennes gagnaient 174 fois plus d’argent que leurs salariés ! Aux États-Unis, les inégalités entre les riches et les pauvres n’ont jamais été aussi criantes depuis les années 20.

L’érosion s’est faite au cours des 30 dernières années. Aux États-Unis, les gouvernements ont réduit l’impôt progressif. De leur côté, les entreprises à la recherche du profit maximal pour leurs actionnaires ont comprimé les salaires. S’en est suivi au sein d’une majorité de salariés un surendettement encouragé à tort et à travers pour maintenir la consommation.

En Amérique du Nord, le fait que le Québec ait le plus bas taux d’inégalité sociale est lié à la forte syndicalisation des travailleurs : 40 % d’entre eux sont effectivement syndiqués. C’est donc dire que les syndicats ont forcé l’amélioration des conditions de travail et de vie de milliers d’hommes et de femmes. En complémentarité à un État qui redistribue mieux qu’au Sud, notre mouvement syndical a été assez puissant pour infléchir le cours des choses vers une meilleure répartition des revenus. Ce faisant, les syndicats ont aussi facilité l’accès au crédit de la classe moyenne. Notre modèle québécois nous a toutefois évité de plonger dans un surendettement aussi catastrophique que celui qui a ébranlé l’économie des États-Unis tout entier.

Dans l’ensemble, les choses vont mieux ici qu’ailleurs. Mais nous avons aussi des problèmes à résoudre : trop de monde en chômage, trop de décrocheurs scolaires, des villes à remettre à neuf, un système de transport en commun à étendre, une dépendance énergétique à casser, une consommation d’eau à limiter, etc.

Ces problèmes se posent au moment où notre modèle de développement entre dans un cycle de transformation profonde. Le passage à une économie sans carbone et le transfert patrimonial vont exiger un changement global de la vie économique, sociale et environnementale.

On estime qu’au cours des 5 prochaines années, 30 000 propriétaires de PME prendront leur retraite. D’ici 10 ans, c’est 60 000 autres qui partiront. Pour rester à la barre de son avenir collectif, le Québec devra maîtriser tous les lieux de décisions économiques. Il devra réguler davantage les outils financiers qui ont de plus en plus d’influence sur la vie de ses entreprises. En plus des sociétés contrôlées par l’État telles que la Société générale de financement et Investissement Québec, je pense aux fonds de travailleurs, aux caisses de retraite et aux institutions financières responsables.

Canaliser directement notre épargne

Si depuis 30 ans l’économie du Québec s’est diversifiée et si l’économie plurielle (privée, publique et sociale) a pu se développer, c’est en grande partie grâce aux fonds de travailleurs. Ces fonds ont contribué à créer et à maintenir plus de 100 000 emplois. Près de 700 000 Québécois ont ainsi pu se constituer une épargne-retraite complémentaire. Ainsi, par exemple, reconnu non seulement pour son rôle dans les secteurs manufacturiers et les services plus traditionnels, Fondaction se distingue par ses interventions dans le domaine des technologies propres et par son engagement dans l’économie sociale, dont le Technopôle Angus

Les actifs des caisses de retraite constituent un autre levier. Ils atteignent des milliers de milliards, et ce, malgré les pertes encourues au cours de la crise financière. Si nous les canalisions dans les projets les plus productifs pour notre nouveau modèle de développement ? Si les syndicats qui siègent aux caisses de retraite pouvaient faire des gains supplémentaires dans la mise en pratique de politiques d’investissement responsable, l’activisme actionnarial et le rendement calculé sur du plus long terme ? Le cas échéant, le sort des travailleurs retraités en serait amélioré et l’économie s’orienterait davantage vers des projets productifs en matière de développement durable.

Bâtirente a résolument adopté cette approche, ce qui en a fait un chef de file parmi les investisseurs institutionnels. Bâtirente gère un actif de plus de 790 millions de dollars. En plus d’évaluer les risques financiers d’un investissement, il tient compte des facteurs sociaux et environnementaux. Lorsqu’il y a un problème, Bâtirente le souligne et amorce un dialogue avec les entreprises, dont des pétrolières.

Au fil des ans, la finance responsable est devenue un nouvel outil de l’action syndicale pour protéger les droits des travailleurs. Le choix d’une institution financière en fait partie. Ici, la Caisse d’économie solidaire s’impose en tant que levier de développement. Depuis 10 ans, c’est un milliard que la Caisse a prêté pour contribuer au développement des entreprises d’économie sociale et à leur montage financier, donner un coup de pouce aux syndicats en conflit, soutenir la finance responsable et appuyer des projets porteur d’innovation sociale. Plus de 630 syndicats, organisations et regroupements syndicaux ont choisi d’y ouvrir un compte commercial parce que cette institution financière met leur argent au service de l’économie réelle, d’un projet économique différent. Les dépôts des syndicats à la Caisse servent à financer des centres de la petite enfance, des coopératives ambulancières, la construction et la rénovation de logements coopératifs ou communautaires, des entreprises d’insertion au travail, des troupes de théâtre, etc. Tous contribuent à un modèle québécois de développement plus égalitaire et plus partenarial. Heureusement que les syndicats se lient avec les mouvements sociaux porteurs de transformations économiques !

Globalement, ensemble, comment pouvons-nous faire plus encore ? Comment ? C’est à l’ordre du jour de notre prochain Rendez-vous solidaire, qui se tiendra à l’hôtel Sandman Montréal-Longueuil (métro Longueuil) le 22 avril prochain. Inscrivez-vous en appelant le 1-877-598-1666, puis en faisant le 8.

Ce texte est tiré du site de La Caisse d’économie solidaire Desjardins

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