L’auteur invité est Guillaume Lamy, blogueur sur AmériQuébec.
Entrevue avec Normand Mousseau.
Nous sommes déjà engagés dans une crise énergétique dont l‘impact se fera sentir à nouveau dès la sortie de la récession. Pourtant, on ne voit toujours pas venir une politique énergétique fédérale réaliste qui nous préparerait à affronter les perturbations qui s’annoncent pour les 5, 10 ou 20 prochaines années. Or, le Canada est particulièrement bien placé pour tirer son épingle du jeu sur le plan mondial face à cette crise majeure. En dépit de ces conditions avantageuses, l’absence de leadership de nos dirigeants risque de projeter le pays dans le chaos pour le bénéfice de quelques provinces productrices de pétrole.
Normand Mousseau est professeur de physique à l’Université de Montréal. Pour lui, si le Québec ne veut pas être à la merci de la crise énergétique qu’il annonçait dans son livre précédent, la solution n’est nulle autre que de viser l’indépendance énergétique. Sans exagérer, « le Québec, dit-il, est particulièrement bien placé, au niveau mondial, pour faire face à la crise énergétique [puisque] notre province est déjà l’un des États les plus verts au monde: près de 50% de l’énergie consommée sur son territoire est d’origine renouvelable ».
Mais, pour M. Mousseau, l’indépendance énergétique n’est pas qu’une question de vulnérabilité d’approvisionnement, c’est aussi un outil formidable pour fortifier l’économie du Québec. Comme il le rappelle, la hausse des prix du pétrole « a fait passer la balance commerciale du Québec dans le rouge en 2007. Les Québécois se sont vus forcés de jeter, presque littéralement, leur argent au feu pour se déplacer et se chauffer, dépensant trois fois plus qu’en 2002 pour la même énergie. Ces dollars supplémentaires sortis de l’économie n’ont généré aucune croissance additionnelle. Contribuant plutôt à appauvrir notre province ».
Normand Mousseau n’est pas tendre et rarement élogieux envers nos politiques énergétiques et encore moins envers ceux qui les élaborent. Ce sont les « dirigeants sans envergure » qui nous représentent qui font en sorte que « notre grand pays reste le seul exportateur de pétrole du monde à n’avoir aucune politique énergétique […] [L]e Canada a signé en 1993, avec l’Accord de libre-échange nord-américain, une clause de traitement national qui le force à considérer les Américains sur le même pied que les Canadiens quand vient le temps de vendre du pétrole. Il est donc interdit, sous peine de sanctions douloureuses, de répondre d’abord aux besoins énergétiques des Canadiens. Pourtant, cette clause n’était pas essentielle à l’accord et le Mexique – qui comprend depuis longtemps l’importance de contrôler ses ressources énergétiques – a refusé de la signer à l’époque, sans pour autant s’exposer aux foudres du voisin américain. »
Ce manque de leadership ne se fait pas sentir qu’en matière de combustibles fossiles, puisqu’à « l’heure actuelle, tout indique que le Canada soit en train de rater le tournant vert et chaque nouvelle centrale au gaz naturel ou au charbon nous éloigne de ce but. »
Normand Mousseau s’est consacré cette année aussi à vulgariser la complexité de la situation énergétique du Québec dans son nouveau livre: L’avenir du Québec passe par l’indépendance énergétique (Multimondes, 2009). Il a accepté l’invitation des Publications universitaires et s’est déplacé aux studios de CHOQ FM pour répondre à nos questions.
On trouve le texte (et on peut écouter l’entrevue) sur le site d’Amériquébec
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