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Le samedi 23 avril 2022

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L’économiste en chef du FMI bouscule les idées reçues

Olivier Blanchard, l’économiste en chef du Fonds monétaire international, annonçait l’an passé que, dans la quasi-totalité des pays, la crise a alourdi le fardeau budgétaire de l’État à un point tel qu’il est maintenant inévitable de passer à une augmentation de la fiscalité. Délaissant la pensée unique dominante qui depuis des décennies nous imposait l’impérieuse obligation de baisser les impôts des plus riches, l’économiste du FMI adopte une pensée hétérodoxe, assurant qu’après deux décennies de la folie de la finance spéculative, l’État doit rejouer un rôle crucial dans la reconstruction d’une économie mondiale confrontée à des enjeux majeurs et se donner les moyens d’agir.

Ce mois-ci, Olivier Blanchard refait les manchettes avec une autre idée encore plus « révolutionnaire » : il suggère de rehausser à 4 % le taux cible d’inflation dans les pays industrialisés. Parce que, selon lui, la crise financière que nous venons de traverser bouleverse les idées reçues et rend plus ou moins caduc plusieurs outils de politique monétaire d’avant-crise, il suggère ni plus ni moins que de repenser l’architecture post-crise des politiques macroéconomiques. Selon Blanchard, la cible de 2 % était suffisante « dans un monde de petits chocs »; elle ne l’est plus dans le monde actuel.

En faisant passer la cible d’inflation de 2 % à 4 %, ça permettrait de redonner à la politique monétaire davantage de champ d’action pour soutenir la croissance, et à la politique budgétaire davantage de moyens financiers (les revenus augmentant en proportion de l’inflation) pour soutenir la pérennité des programmes sociaux.

Paul Krugman, « prix Nobel » d’économie et columnist au New York Times, bien que surpris que « l’économiste en chef du FMI » formule une telle proposition, l’appui fortement, ajoutant qu’une nouvelle cible à 4 % conduirait à une diminution du chômage sur une base durable.

Il est sûr que la doctrine intransigeante de la cible du 2 % suivie par tous les banquiers centraux depuis le début des années 1980 a eu plusieurs effets pervers. D’une certaine manière, son intransigeance a étouffé plusieurs dynamiques de transformation économique, qui peuvent s’exprimer par des changements importants dans les prix relatifs des biens et provoquer des poussées inflationnistes plus générales. Mais en plus, cette intransigeance anti-inflationniste n’a même pas permis d’empêché les bulles spéculatives qui ont fait exploser les prix de l’immobilier aux Etats-Unis. De toute évidence, Olivier Blanchard a raison : il faut repenser l’architecture de la politique économique, surtout dans le contexte où l’émergence du nouveau paradigme du développement durable (par l’internalisation des externalités) devra tôt ou tard s’exprimer dans un bouleversement massif du système des prix. Dans ce contexte, limiter l’inflation à 2 % aurait un effet catastrophique sur le développement et l’emploi.

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